jeudi 3 juin 2021

ELECTRIC BOOGALOO & GO-GO BOYS : l'âge d'or de la Cannon

ELECTRIC BOOGALOO / 
GO-GO BOYS,
L'ÂGE D'OR DE LA CANNON


Grande nostalgie des 80’s, quand on regarde coup sur coup les documentaires ELECTRIC BOOGALOO et GO-GO BOYS, tous deux au sujet de la défunte firme Cannon.

Bien sûr, impossible de revenir sur les dizaines et dizaines de films produits par les deux cousins israéliens, Menahem Golan et Yoram Globus, qui ont juste réussi le tour de force de bâtir un empire à Hollywood, aussi fugace fut-il.

ELECTRIC BOOGALOO peut être préféré à son concurrent, via son enchaînement à un rythme incroyable les anecdotes de tournages et sur les deux cousins (absents), sans aucune langue de bois, très drôles et vraiment « What the fuck » par moments… comme ces actrices respectables se retrouvant au final dans des simili-films érotiques softs, Golan tournant en scred les séquences chaudes entre figurants dans une piscine dans le dos des intéressées !

Golan et Sly : le premier a fait plonger un peu plus
sa société dans le rouge en proposant un cachet astronomique à sa star...

Ce qui ressort, c’est que Golan et Globus étaient quoiqu’il en soit de vrais amoureux du cinéma, dévoués corps et âme au 7eme art, prolifiques comme personne... mais avec une absence de bon goût qui touchait presque au génie. Et qui nous aura permis de nous régaler de métrages aussi décomplexés, généreux et barrés (certains ajouteront « débilos ») que COBRA, DELTA FORCE, BLOODSPORT et MASTERS OF THE UNIVERSE !

Et entre deux suites du JUSTICIER DANS LA VILLE / AMERICAN NINJA, la Cannon de partir là où on ne l’attend pas, à savoir en quête de la signature d’un Godard et d’un Cassavetes ! Totalement surréaliste.
Une firme finalement complexe, maintenue aussi longtemps que possible par l’ego et la fierté des 2 hommes qui voulaient en remontrer aux majors en place depuis près d’un siècle... la démesure de leur « prise d’otages » du Festival de Cannes est improbable !
Ce qui force le respect, quelque part... les deux hommes étant des bêtes de travail. Tout ceci leur a fatalement coûté leur vie personnelle, comme leurs familles le confessent frontalement à la caméra de GO-GO BOYS.

Charles Bronson s'est perdu dans les suites assez affligeantes
de DEATH WISH, dont le drôlatique JUSTICIER DE NEW-YORK.

C’est aussi dans le docu produit par les 2 cousins qu’on les voit sous un jour pas spécialement avantageux : Golan pétant un plomb au sujet de SUPERMAN IV, car il est impossible de parler des échecs, c’est un véritable tabou. Globus, qui passait son temps le nez dans les comptes, est forcément mis à mal via l’affaire du crédit lyonnais qui est plus étayée ici...
Mais GO-GO BOYS est un documentaire un plus distant, froid, tout simplementplus conventionnel que son homologue australien très punchy.

Toujours est-il, donc, que malgré les nombreux témoignages captivants d’ELECTRIC BOOGALOO, on est forcément frustrés de ne pas en apprendre davantage sur la difficulté de conception/finalisation de CYBORG (Albert Pyun est pourtant interviewé) — qui s’est notamment finie sur ce jet d’agrafeuse à travers le bureau de Golan (qui visait le réalisateur rebelle), et qu’il n’y ait pas un mot sur BLOODPORT (qui a rapporté pourtant pas mal d’argent à une période clef de la société), quand bien même Van Damme n’ait pas voulu être de la partie — convaincu par le duo israélien de donner la primeur de son intervention à leur documentaire à eux.
On peut aussi noter ce silence autour de COBRA, véhicule-star de Stallone, alors qu’on s’arrête un bon moment sur 
OVER THE TOP. Et surtout : si on comprend qu’il faut s’astreindre à une durée de diffusion, on aurait aimé retrouver ces témoignages dans des scènes étendues / coupées en bonus sur le DVD.

Mark Hartley, réalisateur d'ELECTRIC BOOGALOO.

Dans les deux cas, il est très agréable d’avoir des images d’archives sonores, montrant Golan et Globus au charbon, à Cannes ou encore... mangeant des plats réchauffés sur les canapés de la Cannon, pour ne pas perdre de temps à parader dans les restos chic d’Hollywood, selon leurs propres termes !

Ultime anecdote résumant bien les personnages : contactés par la production d’ELECTRIC BOOGALOO, les deux cousins étaient très motivés, avant de couper les ponts... afin de produire / sortir leur propre documentaire en grande hâte, 3 mois avant celui-ci.

Ces deux documentaires sont un véritable plaisir de tous les instants, activant nos Madeleine de Proust, et nous faisant régulièrement venir à l'esprit la fameuse réplique : "Toute une époque".


- Arthur Cauras.