vendredi 7 décembre 2018

SCARFACE (1983) : REFLEXION SUR LE CULTE TONY MONTANA



SCARFACE (1983) :
REFLEXION SUR LE CULTE TONY MONTANA

par Arthur Cauras, 08.12.2018





Brian de Palma est l'un de mes réalisateurs préférés, ne serait-ce que pour son CARRIE (1976) qui m'a brisé le coeur quand j'avais 10-11 ans.

J’ai vu SCARFACE un nombre incalculable de fois étant ado, mais ce n’est qu’à mes 29-30 ans que j’en ai vraiment saisi les subtilités politiques et sociologiques. De nos jours encore, le film montre toute sa puissance et continue à marquer les esprits... Surtout par le biais de son protagoniste, Tony Montana, immigré Cubain dans les années 1980.

Montana est devenu une icône de la Pop Culture, et il est étonnant de voir combien certains de ses admirateurs semblent oublier certains traits du gangster.
Incroyable combien SCARFACE est avant tout le récit d'une déchéance programmée, un film vraiment tragique de A à Z, avec donc ce Tony Montana, cette âme perdue dès le début du récit, qui recherche un bonheur d’apparence à travers l'argent et le pouvoir.

Montana croit que le bonheur, c'est avoir l'argent, le pouvoir et les femmes (par… le pouvoir et l’argent!). Il lutte et participe à des entreprises très malsaines dans ce sens, et une fois qu'il a le pouvoir, la femme qu'il veut et l'argent... La routine et l’ennui font leur apparition, cette sensation de vide, de silence insupportables, suivis par une paranoïa exacerbée via la prise de drogue régulière. C’est la chute.
Plus il en a, plus Tony en veut, ce qui l'amènera bien entendu à se tirer lui-même dans le pied. Et on ne le verra jamais ne serait-ce que toucher du doigt ce véritable bonheur.


Durant le tournage du grand final de SCARFACE,
Brian de Palma mime à Al Pacino l'ultime posture de son personnage.


Le scénariste Oliver Stone et de Palma brossent un Tony Montana froid comme une porte de prison en terme émotionnel : au-delà du fait qu’il tue sur commande sans sourciller et sans remord, il reste par exemple de marbre face à son ami Angel se faisant débiter le bras et la jambe à la tronçonneuse. Il n'en parle presque plus après, n'a pas une pensée ou autre émotion à son égard.

Et quand il reparle de l'assassinat et de la torture de cet ami, c'est une question de principe, pas une question émotionnelle, c’est en rapport au « business », il se sert de cette anecdote à deux moments-clés qui vont justement le faire monter plus haut dans la hiérarchie du crime organisé…
Montana est donc présenté comme un psychopathe dans le sens 1er du terme, quelqu'un qui ne ressent pas ou très peu d'émotions, qui pense d'abord et avant tout à sa réussite personnelle et à sa prise de pouvoir…

Pour Montana, réussir dans la vie c'est être le Mâle Alpha, écraser tout le monde sans aucune pitié, il n'y a absolument aucune place pour l'empathie. Il ne faut certainement pas être "un mou", comme il dit de son premier boss à son ami Manny.


Tony gravit impitoyablement les échelons du Crime organisé.

Il n'y a que très peu d'exceptions à cette règle qui est la sienne, et ces exceptions le précipite vers sa mort... Sa chute qui sera filmée tel quel lorsque son corps sans vie tombe littéralement à l'eau, entraînant son empire.
La première exception est bien évidemment son refus de tuer les enfants d’une cible, qui était pourtant son ultime recours pour de ne pas aller en prison. On peut imaginer que c'est lié au fait qu'il cherche à avoir lui-même des enfants, en vain. Il devient pour l'occasion "un mou", et c'est le début de la fin pour lui - ce qui donne raison à sa théorie.
Plus tard, il descend encore d'un étage quand Elvira le quitte après avoir explosé au restaurant, il ne montre que du mépris et de la colère... mais il est bel et bien touché puisqu'après, il demande souvent à ses hommes si elle a appelé. 
La règle des "jamais deux sans trois" est aboutie alors que lors de son ultime éclair de lucidité après avoir sniffé comme jamais de la cocaïne, il prend conscience de son dérapage d’avoir assassiné son seul ami Manny sur un coup de tête, justement à cause de la drogue.

En amont, Montana est faussement rendu un minimum sympathique aux yeux du public, quand il fait donc le pitre à quelques reprises lors de la première partie de SCARFACE.
Chose qui fait ressortir, selon Elvira qu'il essaye de séduire par ce biais, son "côté plouc d'origine" ! Peu de traits vraiment humains sont accordés à Montana... Tout l'aiguille vers la dureté, donc vers la violence.

Au passage, Elvira peut d'ailleurs être vue comme un avertissement de ce qu'est une "vie réussie" selon les termes de Tony, puisqu'elle est depuis plus longtemps que lui dans ce milieu impitoyable, par le biais de son concubinage avec son premier patron mafieux.
Dès sa première apparition, elle ne sourit pas, n'est pas heureuse, est lassée, ne cherche que l'apparence du bonheur au travers d'une débauche de luxe, et est plongée H24 dans l'alcool et la drogue, dont la conséquence est qu'elle ne mange jamais, et peut-être même la stérilité.
Elle est très clairement en forte dépression, et symbolise le fameux adage disant que l'argent ne fait pas le bonheur.


Un final aussi culte que le film en lui-même.

SCARFACE est vraiment puissant via ces personnages tragiques, notamment celui de Montana. On peut être perplexe quant au fantasme qu’il suscite chez pas mal de gens, au vu de son destin clairement catastrophique, du fait qu’il ne vive rien de beau ou de bon de tout le film, et de toutes les tares qu’il accumule et que fuirait n’importe quel homme normalement constitué !
En effet ; en plus d’être renié par sa propre mère, la lignée des Montana s'arrête avec lui puisqu'il n'arrive pas à faire d'enfants à sa femme (un détail qui n’en est sûrement pas un) et qu'il "tue" sa seule soeur (de malheur puis physiquement en l'amenant dans le guêpier final) - même s’il ne se rend même pas compte qu'elle est morte, tant il est proche de l'overdose de cocaïne.

Le score de Georgio Moroder est également calibré pour conter le destin funeste de Montana, au-delà de rares tubes d'époque entraînants, comme "Pushing to the limits" qui illustre le résumé de la montée en puissance de Montana se finissant sur une Elvie dépressive qui sniffe de la coke, boit un verre d'alcool et tire sur une clope dans un seul et même plan... Annonçant clairement que rien n'a changé, Montana ayant juste pris pour un temps donné la place de son boss qu'il a tué... juste un poste et rien d'autre.
Montana est interchangeable, contrairement à ce que sa mégalomanie lui fait croire, perdu qu'il est dans les années 80, soit la décennie où la réussite personnelle devait prévaloir sur tout, en écrasant les autres si nécessaire... à la poursuite du célèbre Rêve Américain.

L'apparence de bonheur et de réussite, la mise en scène de De Palma s'attarde dessus, comme lors de ce plan commençant sur ce qu'on croit être un paysage idyllique de plage avec palmiers sur superbe coucher de soleil, avant qu'on ne se rende compte avec du recul qu'il ne s'agit que d'une banale affiche perdue dans une rue dégueulasse peuplée de gens à la triste mine.
Le message est clair.



La "réussite" de Tony Montana.


SCARFACE donne cette impression malaisante mais fascinante que ses personnages portent tous l'épée de Damocles au-dessus de leur tête dès les premières minutes, qui posent de suite un climat déprimant et impitoyable.

Assister à la chute d’un homme restera toujours étrangement fascinant... Le culte de Montana, qui touche des gens de tous bords sociaux, vient aussi très certainement de là.


Brian de Palma est un grand (CARRIE, PULSION, BLOW OUT, LES INCORRUPTIBLES, FURIE, M:I, BODY DOUBLE...), tout comme Oliver Stone ici en scénariste (CONAN LE BARBARE, MIDNIGHT EXPRESS, PLATOON, YEAR OF THE DRAGON, JFK…).

Al Pacino, qui signe ici l'un des plus grands rôles de sa carrière, retrouvera de Palma à l'occasion d'un autre chef d'oeuvre : L'IMPASSE (CARLITO'S WAY), qui peut être vu comme une sorte de suite à SCARFACE.


Arthur Cauras.





Movie clip:

mercredi 31 janvier 2018

TOP FILMS & SERIES 2017

TOP FILMS & SERIES 2017

par Arthur Cauras, 31.01.2018


Faire une liste des meilleurs films qu'on a vu sur une année, alors qu'on a précisément pas eu le temps de voir tout ce qui nous intéressait (DETROIT, COCO, A GHOST STORY, FARGO S03...), est un peu étrange, certes. Mais cette année 2017 a été si riche de bonnes surprises, notamment dans le cinéma de genre, que j'ai eu envie de les mettre en valeur ici.

Place à la liste des films et séries m'ayant le plus marqué en 2017... Qui n'engage que moi.


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FILMS



DARKLAND / UNDERVERDEN
(Fenar Ahmad, Janvier 2017)

L'une des claques prise à Sitges a été DARKLAND, un film danois.
Sur le papier, une histoire vue et revue, sertie de tous les poncifs et codes du Vigilante movie : un neuro-chirurgien quarantenaire respecté de ses pairs décide de nettoyer les rues de sa ville après que des dealers aient tué son jeune frère délinquant... Il se met à la boxe thaï, s'achète un pistolet, maquille sa moto et se passe un spray noir sur le visage avant d'aller casser du malotru.


Dar Salim campe un justicier des plus crédibles.

Tout semble réuni pour aboutir à un nanar pur-jus, et pourtant... Le talent du metteur en scène, Fenar Ahmad, rend ce film nocturne à la fois envoûtant et cinglant, les performances assez époustouflantes des comédiens crédibilisant chaque minute, appuyés par une musique tantôt martiale, tantôt intimiste et contemplative. Au final, ce DARKLAND magnétique écrase de tout son poids la masse assez pauvre des Vigilantes bas-de-plafond qu'on peut voir à longueur d'année. Comment ce film a t'il pu ne pas connaître de sortie salles ? C'est un vrai mystère.
Une équipe d'inconnus, devant comme derrière la caméra, qu'on suivra avec grand intérêt dans les années qui viennent.

Trailer VO :
https://www.youtube.com/watch?v=333cCxNembY

PS : je vous enjoins vraiment à écouter l'excellent score de Jens Ole Wowk et McCoy sur Spotify.




GRAVE
(Julia Ducournau, Mars 2017)

Habité par de jeunes acteurs irréprochables et une musique entêtante, le film de Julia Ducournau se déroulant dans une FAC vétérinaire propose une sorte de rite de passage dans un univers décalé, qu'il est difficile de ranger dans une case précise. Et c'est clairement une de ses forces.
Film original à bien des niveaux, ayant sa personnalité propre, il est filmé à la fois de façon clinique (le doigt, les accidents, les animaux massifs...) et poétique (la peinture, les douches...); un mélange qui n'évoque même pas de références antérieures particulières.
GRAVE est un film qui divise drastiquement, on aime beaucoup ou on le déteste, à chaque fois pour les mêmes arguments.
Ceux connaissant l'analyse du pulsionnel par Laplanche et Pontalis, (qu'on peut s'amuser à retrouver dans le scénario de ALIEN), le décèleront dans GRAVE, autre attestation du travail minutieux opéré pour ce premier long-métrage.
Et si le film répond à quelques codes du genre, notamment le twist narratif, ceux présents n'ont rien de gadgets et servent, enrichissent le propos. Pour rester sur l'exemple du twist, il termine en fait de présenter et consolider un personnage qui donnait l'impression d'être complètement à l'ouest voir bâclé à l'écriture en amont, avec un certain humour qui résonne aussi dramatiquement. 
GRAVE touche au but avec talent dans bien des domaines, donnant envie de voir ce que nous prépare prochainement Ducournau.

Trailer:
https://www.youtube.com/watch?v=gFlXVX2af_Y




LOGAN
(James Mangold, Mars 2017)

Oubliez le côté clinquant des X-MEN première période, voici venir la fin et la déchéance. Un futur dépressif dans lequel tout se meurt ; les personnages principaux (le Professeur X a Alzeimher, Logan ne régénère plus, tous les mutants sont morts), les paysages dans lesquels ils évoluent (camions futuristes sans chauffeur, cultures transgéniques automatisées, déserts), et mêmes les actes héroïques en eux-mêmes, maintenant seulement possibles via customisation robotique, manipulation génétique ou carrément dopage !
C'est dans cet univers désenchanté que se traîne le Wolverine, lancé au sein d'une fuite en avant incessante qui l'éprouve toujours plus tandis que son corps le lâche. Le métrage donne l'impression de ne jamais avoir été bridé par le studio, tant au niveau de la violence psychologique (la famille recueillant le petit groupe de Logan) et physique (les nombreux massacres), le tout débouchant sur des situations bien vicieuses (la scène de l'hôtel et du blocage télépathique).
On ne sait pas par quel miracle Mangold a pu bâtir un film aussi sombre sur l'un des héros les plus populaires de la Marvel, mais on ne peut que lui tirer notre chapeau : nul besoin d'être fan de super-héros pour être touché et secoué par LOGAN.

Red Band Trailer :
https://www.youtube.com/watch?v=wWcXXxVZF2A




LE SERPENT AUX 1000 COUPURES
(Eric Valette, Avril 2017)

Eric Valette est clairement l'un des meilleurs artisans que recèle la France. Films et scénarios efficaces, personnages bien brossés et une mise en scène ciselée étant claire même dans ses scènes d'action, sont ses marques de fabrique.
LE SERPENT... est certainement sa plus grande réussite, à tous points de vue.
Lorsqu'un dealer colombien se fait abattre par un terroriste en fuite dans la rase campagne française, le père de la victime dépêche sur place un tueur à gages, accessoirement l'un des badguys les plus malsains et marquant qu'on aura pu voir ces dernières années au cinéma. 
Un thriller rural brassant les codes du genre, faisant se croiser et s'affronter des personnages internationaux, allant d'abrutis racistes finis à de vicieux spécialistes du nettoyage de preuves, en passant par de petites gens du quotidien.
Valette filme avec intérêt ces fourmis qui, comme disait Melville, finissent toutes par se retrouver dans le cercle rouge.


Le tueur à gages en quête de proies.

D'origine chinoise, yeux bleus vifs "légués par son porc de père allemand", le tueur est un pur psychopathe qui redonne ses lettres de noblesse à ce terme trop souvent galvaudé dans le cinéma contemporain.
Cet être aussi malfaisant que charismatique imprègne toutes les séquences dans lesquelles il apparaît, se mouvant étrangement, parlant calmement de son macabre passé à ses futures victimes comme s'il opérait depuis des années une thérapie des plus sinistres, entre deux interrogatoires au couteau, "seul élément qu'il a gardé de la culture de sa mère".
Un vrai travail scénaristique titanesque et remarquable ressort de ce film choral, où chaque personnage est impacté par ce que font les autres, façon "effet papillon", et où les têtes de l'intrigue sont loin d'être infaillibles, y compris le capitaine (Pascal Gregory) et le fameux tueur chinois (Terrence Yin), peinant à comprendre de suite le pourquoi du comment.
Un choc des cultures qui n'est pas sans rappeler le CANICULE d'Yves Boisset, une traque haletante comme on en voit trop rarement dans l'Hexagone.

Trailer :
https://www.youtube.com/watch?v=kNdVI44CFQ8




ALIEN COVENANT
(Ridley Scott, Mai 2017)

ATTENTION AUX SPOILERS.
Il y a beaucoup d'attente sur les suites d'ALIEN, ou plutôt la nouvelle saga engendrée par PROMETHEUS... Les détracteurs se scandalisent sur le fait que ce soit trop différent de la saga initiale, quand bien même (et à juste titre) ce sont les premiers à pester quand les studios pondent des suites ne prenant aucun risque car étant des copié-collé des originaux !
COVENANT, au passage certainement le film le plus sombre de la mythologie avec ALIEN 3, poursuit donc la thématique lancée par PROMETHEUS; à savoir la création et le rapport créature / créateur.
Le personnage de l'androïde David, ré-introduit dès une séquence d'ouverture pour le moins inattendue (un long dialogue dans une grande pièce immaculée), est le véritable personnage principal de ce COVENANT métaphysique.
Le la est posé : David a eu soif d'apprendre et soif de considération dès ses débuts, mais son Créateur (son père) l'a relégué au rang de simple robot dès qu'il faisait montre de trop d'intelligence. David lance : "Vous m'avez créé immortel, mais vous, vous allez mourir...", ce à quoi Wayland, déjà déprimé par l'idée que sa fortune ne lui permette pas d'acheter l'immortalité, lui répond en substance de la fermer et de lui apporter son thé, pourtant plus près de ce dernier que de David, rabaissé au rang de simple serviteur. 
Ce personnage très complexe (il se cherche aussi "sexuellement" via le baiser à son "jumeau", son rapport avec Shaw) a donc la fascination/répulsion de ses créateurs, ce qui le met dans une situation de grande frustration, lui qui ne peut procréer et n'est pas respecté en tant qu'être conscient. Il va dès lors s'épanouir seul, jouir de la découverte des arts qui rendent libre et confiant (il essaye de passer ce savoir lors de la scène de la flûte avec son successeur Walter) et de la science, durant les 10 ans restés seul sur la planète des Ingénieurs.
Lorsque David parvient à produire l'Alien caparaçonné noir tel qu'on le connait depuis 1979, grâce au piège qu'il a tendu à l'équipage du vaisseau colonisateur, il voit dans le xénomorphe sa création la plus poussée après cette décennie de recherches.
Le personnage de l'Alien finalise donc son arc narratif : il représente sa progéniture parfaite en tant que Créateur ET sa vengeance vis-à-vis de son complexe vis-à-vis de l'Homme Créateur, qu'il a déjà fortement ébranlé dès son arrivée sur la planète des Ingénieurs... les exterminant tous avec leur propre armement bactériologique, empêchant par la même occasion les humains d'apprendre un jour la raison de leur création !


Toujours aussi fascinant, l'Alien oeuvre ici également en plein jour.

Qu'on aime ou pas, COVENANT a l'énorme qualité pour lui d'enrichir thématiquement l'une des plus grosses franchises du cinéma. Et oui, en effet, Scott est misanthrope dans ce film : les humains sont à la ramasse, se ridiculisent régulièrement (dérapage dans une flaque de sang par 2 fois), subissent toute l'action générée par le robot David, vis-à-vis duquel ils sont nettement infériorisés...
Mais en quoi serait-ce un défaut majeur comme le scande ses détracteurs? Bien au contraire... C'est un régal.

A noter que le bluray, riche de bonus comme d'habitude avec les films de Scott, offre de petites vidéos inédites montrant la déviance scientifique de David durant le temps passé seul sur sa planète.

Trailer :
https://www.youtube.com/watch?v=svnAD0TApb8




GERALD'S GAME (JESSIE)
(Mike Flanagan, Septembre 2017, Netflix)

JESSIE est un des ouvrages les plus forts de Stephen King, un huis-clos dans lequel une femme ayant été une victime soumise toute sa vie, se retrouve menottée à un lit pour satisfaire les pulsions déviantes de son mari. Hélas, ce dernier meurt d'une crise cardiaque en plein acte, laissant livrée à elle-même Jessie, dans une grande maison de vacances perdue près d'un lac.
Lentement mais sûrement, la folie fait son apparition... tandis que la faim et la soif se font gravement ressentir et que personne ne peut lui venir en aide. Surtout pas ce chien errant qui commence à grignoter le cadavre de son époux.
Comme toujours chez King, l'histoire va loin dans la psychologie de son héroïne, qui se rappelle de plus en plus précisément son passé, ne pouvant se voiler la face, comme entravée sur ce lit pour y faire face une bonne fois pour toute. 
Une projection de son mari mais aussi d'elle-même en plus dure (c'était d'anciennes camarades de classe dans le livre) lui apparaissent, pour la faire se questionner sur comment elle a bien pu en arriver là, combien elle a été soumise aux autres depuis... Depuis quand, déjà?


L'une des scènes-clé de JESSIE est aussi l'une de ses plus malaisantes.

Netflix permet au réalisateur d'outrepasser à plusieurs reprises ce qui serait montrable à la télé ou au cinéma, notamment des séquences de pédophilie ou encore une scène de mutilation vraiment insupportable.
Le cœur du roman est conservé, tout l'intérêt et l'amour de King pour le personnage faible de Jessie qui doit se transcender (comme auparavant entre autres dans Carrie ou Dolorès Claiborne) se retrouvent dans le film. On a de la peine pour cette malheureuse, et on prie pour qu'elle s'en sorte - ce qui n'est pas gagné car on sait que King peut être très dur avec ses personnages.
Une vraie réussite prouvant que Netflix et surtout Mike Flanagan ont de beaux jours devant eux.

Trailer :
https://www.youtube.com/watch?v=twbGU2CqqQU




MOTHER!
(Darren Aronofsky, Septembre 2017)

Aronovsky est l'un des réalisateurs contemporains les plus intéressants. Un véritable auteur qui prend des risques dans chacun de ses films, ne se reniant jamais, qui même sous la pression des studios pour NOAH, parvient tout de même à livrer une partie puissante, personnelle et atypique. Mais honnêtement, malgré son style et son univers hors-normes depuis ses débuts avec PI, rien ne pouvait nous préparer à son petit dernier.
Film tout en symboles et métaphores, MOTHER! nous perd rapidement dès lors qu'on essaye de comprendre factuellement ce qui se déroule à l'écran - ce qui est tout bonnement impossible lors du premier visionnage. Il faut accepter de se laisser porter par le rythme de plus en plus frénétique du film, de se faire malmener comme l'est le personnage pur incarné par Jennifer Lawrence.
Forcément dérouté, la majorité du public rejette cet ovni en bloc, tandis que ceux ayant été hypnotisés tentent de comprendre ce qu'ils ont vu : film sur les rapports amoureux ? La dégénérescence du couple ? La création artistique et les incidences sur la vie familiale ? Ou bien un film sur la Création, tout court ?
Si Aronofsky et son équipe ont eut beau répondre à cette interrogation, il n'empêche que la profondeur et la complexité de MOTHER! permettent encore de s'y perdre de nos jours, de se laisser porter, voire même bercer par un film pourtant très loin de nous prendre par la main.
Tellement rare et précieux actuellement.

Trailer:
https://www.youtube.com/watch?v=RuZAGFauUtU




LAISSEZ BRONZER LES CADAVRES
(Cattet & Forzani, Octobre 2017)

Totalement atypique, totalement "autre" par rapport à ce qui se fait actuellement, le nouveau film du couple Hélène Cattet et Bruno Forzani est dans la droite lignée de leur œuvre quasi-expérimentale.
Un postulat simple qui fait se croiser plusieurs groupes : des policiers, les braqueurs qu'ils recherchent et une famille d'artistes ayant jadis brillé.
Mais tout ce petit monde brise le moule de tout cliché, précisément parce qu'il est ausculté méthodiquement par la caméra des réalisateurs, embrassé dans leur style flamboyant, mêlant violence et érotisme, évoquant avec talent aussi bien Western Spaghetti que Giallo, et ce sans les copier putassièrement (régulier travers du cinéma de genre français). 

Un travail méticuleux sur le cadrage (au millimètre près), sur les mouvements opératiques, sur la photo, sur les placements/déplacements de comédiens, un côté métronomique du montage qui rend l'ensemble totalement hypnotisant... De la vraie mise en scène comme on en voit extrêmement peu, offrant un vaste choix de situations marquantes.
Par exemple, au cœur du chaos opposant les divers groupes pris dans un feu croisé, la narration se voit criblée de flashbacks montrant l'âge d'or artistique de la maîtresse des lieux (une performance évoquant la crucifixion) et autres métaphores... Comme cette fille hésitant à se servir d'une mitraillette dont on voit le fantasme d'ouvrir le feu sur fond noir, tandis que ses habits se déchirent au gré des déflagrations et du plaisir qu'elle y prend !
On est clairement en plein délire fantasmatique, et on ne peut que saluer la virtuosité du duo, ainsi que sa capacité à monter des films aussi atypiques et loin d'être grand public, avec l'aide du producteur François Cognard.
La suite de leur travail est attendue avec impatience.

Trailer
https://www.youtube.com/watch?v=FDIs-s4Oucg




BLADE RUNNER 2049
(Denis Villeneuve, Octobre 2017)

A la fois un film qui se suffit à lui-même et une suite absolument magnifique, époustouflante. Villeneuve (que le maître William Friedkin estime être son successeur) applique sa patte froide et contemplative, violente et empathique sur cet univers de Science-fiction culte conçu en 1982 par Ridley Scott, d'après Philip K. Dick.
D'une richesse de tous les instants durant ses 164 minutes, d'une beauté à couper le souffle, ce languissant et dépressif BR2049 plonge des personnages tragiques et profonds dans des rixes sèches et des fusillades expéditives, quotidien de l'agent K (Ryan Gosling) cherchant à savoir s'il ne serait pas autre chose qu'une simple réplique d'humain vouée à traquer ses pairs, les "défectueux" Nexus 6 originaux.
Villeneuve et ses scénaristes ne font pas que respecter la thématique identitaire du grand K. Dick, ils lui rendent un hommage inespéré en en ayant totalement assimilé son essence.
Histoire de ne pas spoiler quelque élément que ce soit du film, je n'en dirai pas plus, mais les protagonistes vivent des révélations inattendues les rendant plus attachant que jamais.


K évolue dans un univers aussi beau que désespéré.

BR2049 est parcouru de personnages charismatiques, comme la petite amie de K, l'IA Joy, qui n'est autre qu'une intelligence artificielle plus primaire que lui, si l'on peut dire. Montrées comme basiques, les IA Joy sont vendues par la publicité omniprésente précisément sur le fait qu'elles font et disent ce dont l'acheteur a besoin.
Ce que le récit tend à nous faire vicieusement oublier pour mieux nous abattre, quand on prend le temps de réfléchir à nouveau à certains passages mettant en scène le duo ("tu es différent", "Je t'aime", y compris la scène de la pluie car K voit en cette émancipation celle qu'il se souhaite à plus grande échelle). Un des coups de maître tout en finesse du film, qu'aurait à coup-sûr applaudit K. Dick.

A côté de ça, Villeneuve nous dresse un personnage de bad-girl absolument effrayant, campé par une Sylvia Hoeks d'une crédibilité glaçante. Que ce soit à distance pour un atroce pilonnage d'infanterie, le prompt estropiement d'un garde ou de douloureux combats mano à mano, Luv nous fascine autant qu'on souhaite sa désactivation.

Le travail sonore (musique comme sound design, les deux étant ici souvent entremêlés) termine de parer la quête de K d'une ambiance métaphysique et électrisante digne des plus grands films de Science-Fiction. Ce qu'est assurément BLADE RUNNER 2049.

Trailer
https://www.youtube.com/watch?v=nctf56vDx0M




A BEAUTIFUL DAY
(Lynne Ramsay, Novembre 2017)

Pas vraiment le rejeton de TAXI DRIVER et DRIVE, comme a pu le scander la critique cinéma, le film de Lynne Ramsay est plutôt comme le croisement 2000's entre le film de Scorsese et le MANIAC de Lustig. Un film poisseux et dépressif dans lequel on suffoque littéralement avec le protagoniste, où la violence n'est pas magnifiée, même lorsqu'il s'agit de régler leur compte à des pédophiles de l'élite sociale.


La solitude et la déperdition quotidiennes de Joe.

Un film sur les âmes errantes, piteuses, détruites et lessivées par leur lourd passé, qu'on observe dans leur mal-être en se demandant à quel point un humain brisé peut encaisser avant de s'écrouler... Le tout porté par un Joaquin Phoenix investi comme jamais, suintant une déchéance de tous les instants.
Déchéance mise en pause ponctuellement pour ramener son personnage viril et harassé à un état quasi-infantile, grâce auquel il traverse une épreuve particulièrement dure de façon poétique (le lac) et à la limite de l'absurde (le tueur agonisant fredonnant une chansonnette auquel il vient se joindre)... Avant que son appel au secours ne reprenne, résonnant sourdement dans le vide... Et finissant par être intercepté par un autre personnage coincé dans ce vide.
Finalement, c'est effectivement une "belle journée" (titre du film) pour quelqu'un "qui n'a jamais vraiment été là" (titre du roman original).

Trailer :
https://www.youtube.com/watch?v=non8MTeuKmM






SERIES



JEAN-CLAUDE VAN JOHNSON, SAISON 1 
(créée par Dave Callaham, Décembre 2017, Amazon Prime)

Présentée en avant-première mondiale en France au Grand Rex, cette première série avec Jean-Claude Van Damme est un vrai plaisir à bien des niveaux. Déjà, elle permet d'être un événement d'ampleur pour la star belge, là où malheureusement ses derniers DTV sont passés assez inaperçus. Ensuite, c'est avant tout une entreprise de qualité co-produite par Scott Free et Amazon Studios, chiadée, léchée visuellement et habitée de bons comédiens. Enfin, cette série JCVJ permet à Van Damme de participer pleinement à une comédie d'action, envie qu'il avait depuis bien longtemps, parsemant déjà d'humour certains personnages de ses derniers films (notamment ENEMIES CLOSER et surtout WELCOME TO THE JUNGLE, ou encore ses pubs déjantées type Coors Light). 

Le concept de JCVJ est assez frais et galvanisant ; l'acteur iconique Jean-Claude Van Damme, qu'on connait bien depuis les 80's, ne serait en réalité pas qu'un comédien mais aussi un agent secret dont les films tournés sont la couverture ! Un mélange réalité/fiction des plus amusant, rappelant l'excellent JCVD (de Mabrouk El Mechri, 2008).
La série part donc assez loin dans le cocasse, voire clairement dans le non-sensique pur (la machine à météo, le "coup spécial cassage de mains de marbre", le grand-écart bloquant l'ouverture des portes, etc), montrant VD sur le tournage d'un étron filmique intitulé HUCK, qui remet au goût du jour les aventures d'Huckleberry Finn sauce arts martiaux, tandis qu'il doit effectuer ses missions hors-caméras... Ce qui créé forcément des situations drolatiques avec des ennemis le reconnaissant en temps que star, et ne comprenant pas ce qu'il fait là ni pourquoi il les attaque.


Postiches, humour déjanté et arts martiaux : Van Damme 
se fait plaisir comme jamais dans JCVJ.

La série est donc sertie d'un humour burlesque des plus réjouissants. On ne saurait trop quoi citer précisément tant les exemples sont légion, comme lorsqu'il doit infiltrer une usine en Bulgarie, déguisé assez grossièrement d'une barbe et d'une perruque de bas-étage ; il pense passer inaperçu mais se fait surprendre. Alors qu'il s'attend à devoir se battre, on le salue négligemment d'un "Comment ça va, Filip?". La chose se reproduisant jusqu'à ce qu'il tombe sur son sosie parfait, avec barbe et cheveux longs miteux là-aussi, s’appelant donc Filip. Filip est bien entendu joué par Van Damme, a la voix et l'attitude d'un petit vieux, mal dans sa peau, c'est une véritable chèvre qui revient plusieurs fois au cours de la série, tentant d'exister et de se venger en vain de la star.

Jouant un jumeau ou bien apparaissant régulièrement déguisé, on sent que Van Damme s'éclate aussi bien dans l'action que dans l'humour (la séquence de tuning mâtinée d'esprit martial de pacotille où il se bande les yeux avant une course), mais s'exprime également dramatiquement parlant, mélangeant les émotions avec talent (la photo-selfie avec les touristes et le "Pense à désinfecter ton téléphone").
La série est donc au carrefour de plusieurs genres et la double-lecture de pas mal de scènes fonctionne très bien (un combat à mort sur un tournage, auquel des cascadeurs viennent participer pensant que c'est dans le script).

Si la qualité d'écriture est là, elle n'est pas au niveau du film JCVD justement, quelques situations manquant de crédibilité même dans un univers aussi barré. Mais laissons l'équipe (surtout le pool de scénaristes) prendre ses marques au sein de ce projet aussi riche que totalement atypique, car l'énergie et la bonne humeur communicative sont bel et bien présentes tout au long des 6 épisodes.
Le champ des possibles est très vaste, Van Damme tient là un des meilleurs rôles de sa carrière, montrant à nouveau qu'il tient totalement la route en tant que comédien pur. 

edit : quelle tristesse d'apprendre que la série ait été tuée dans l'oeuf par Amazon. C'était un terrain de jeu s'annonçant tellement vaste et réjouissant...

Trailer
https://www.youtube.com/watch?v=ANBdRxOL8tY




BLACK MIRROR, SAISON 4
(créée par Charlie Brooker, Décembre 2017, Netflix)

Le retour tant attendu de cette série de Science Fiction adulte, si crédible et troublante. Une Saison 4 dans la lignée des précédentes, allant du bon au brillant.
HANG THE DJ et CROCODILE rappellent THE ENTIRE HISTORY OF YOU (S01) ou encore HATED IN THE NATION (S03) dans leur conception d'une SF plus discrète, ténue. Dans le premier cité, la thématique des rencontres amoureuses via une application, qui devient de plus en plus invasive et oppressante vis-à-vis du ressenti et de l'instinct des protagonistes. Dans le deuxième, un film noir suivant une femme ayant été témoin d'un meurtre routier et s'étant tu à l'époque... Mais la technologie a évolué et son chemin pourrait bien croiser celui d'une machine à lire les souvenirs. L'étau se resserre... 2 épisodes carrés, aux épilogues plus cyniques et méchants qu'on ne  pourrait le croire.
ARKANGEL s'attaque au contrôle parental, une idée riche et très intéressante qui malheureusement n'aboutie qu'à un final convenu et surtout attendu. Ceux qui ont apprécié WHITE CHRISTMAS (S02) accrocheront à BLACK MUSEUM : même structure narrative avec un personnage contant son passé via des anecdotes qui sont imagées, avant qu'un lien ne soit fait entre les divers protagonistes. Un peu difficile toutefois de croire à cet homme et à l'impunité dont il a pu jouir dans le passé.
Les deux petits chefs d’œuvre de cette saison sont METAL HEAD et le premier épisode, USS CALLISTER.


Un épisode en N&B, trépidant et sans pitié.

METAL HEAD est un post-apo qui prend à la gorge en narrant la traque sans relâche d'une femme par une sorte de robot-chien militaire dangereusement armé et impitoyable, sur le thème de ce qu'il reste à l'humain désespéré. Il rappelle aussi bien TERMINATOR pour l'inexorabilité de sa machine à tuer (que l'apparence rend plus troublante encore) que LA ROUTE, pour le côté nihiliste de cet univers mort et déserté de toute vie. L'épisode est magnifique (entièrement en noir et blanc), épuré à l'extrême dans la narration, un véritable coup de poing mettant en relief la petite flamme d'humanité persistante des survivants sans espoir aucun. Nul doute que l'épisode fera date et autorité dans le genre des films d'anticipation, revenu à la mode depuis une dizaine d'années. 
Une claque également avec USS CALLISTER, dont il est hélas difficile de parler en détails sans en affaisser l'intérêt. Disons que l'une de ses forces est de traiter des geeks, des reclus, et de réussir finement à nous faire éprouver des émotions diamétralement opposées à leur égard. Un épisode sombre, mais également angoissant et anxiogène via son récit dans l'urgence, finissant durement comme ce que BLACK MIRROR sait nous asséner régulièrement en plein museau depuis ses débuts.
Autant dire tout de suite qu'on en redemande.

Trailer :
https://www.youtube.com/watch?v=hFGfzxv9LCQ




PUNISHER, SAISON 1
(créée par Steve Lightfoot, Décembre 2017, Netflix)

Cette première saison du Punisher était attendue, notamment par ceux qui comme moi qui avaient été complètement emballés par l'intronisation du personnage dans la saison 2 de DAREDEVIL. Violent mais aussi attachant, Frank Castle de son vrai nom opposait donc une justice expéditive à base de balles en pleine tête à celle, plus constitutionnelle, de Daredevil et ses petits coups de pieds sautés. 
Cette saison commence cependant assez mal, projetant Castle dans un mauvais B des familles où il corrige des ouvriers malhonnêtes lui manquant de respect et ayant expliqué en plein milieu du chantier leur plan de braquage de la mafia locale ! Pour la subtilité, il faudra repasser. Passé ces 3 premiers épisodes relativement pénibles, médiocres et surtout peu crédibles, la série prend enfin son envol, gagnant en qualité alors que les badguys se dessinent, que les bons remuent ciel et terre pour faire éclater une vérité longtemps larvée. Et qu'un némésis déviant du Punisher, né des affres de la guerre, se créé dans la souffrance psychologique. 
L'adaptation du comics est plutôt bonne ; forcément, Frank n'est plus un vétéran du Vietnam, et il a une implication directe dans le complot dont il est également victime, ce sentiment de culpabilité densifiant son personnage qui cherche bien entendu à se venger.


L'ultime vigilante est lâché dans les rues de New York.

PUNISHER comporte son lot de scènes d'action et de violence particulièrement grâtinée (énucléation, abattage de blessés au sol sans défense, frottage de bobine sur du verre...), en n'oubliant toutefois pas certains exercices scénaristiques des plus galvanisants, comme cet épisode raconté selon plusieurs points de vue différents, façon RASHÔMON de Kurosawa.
Sans pitié ni pardon, c'est le credo de Castle... Du moins dans le comics, où il ne fait jamais montre d'aucune indulgence envers les criminels. Dans la série, la règle n'est pas toujours appliquée, même si c'est parfois pour servir l'évolution du récit (le vendeur d'armes dans le container).

Là où le comics présente un homme froid, une âme morte enfermée dans un corps encore vivant, appliquant mécaniquement ses plans d'éradication à grande échelle de la criminalité (interprétation reprise tel quel avec brio par Lundgren en 89), Jon Bernthal compose un Punisher hargneux et plus humain. Il fait pencher le côté psychopathe du personnage vers le pétage de plomb / extériorisation de son mal-être lors des diverses échauffourées.
Ici on a un Castle qui ressemble davantage à un animal blessé, une bête souffrant qui pourrait éventuellement remonter un peu la pente au contact de la gente féminine, comme le montre les belles séquences avec la journaliste Karen, mais aussi avec la famille de Microship. 
Riche de personnages bien travaillés (Russo, le jeune vétéran ou encore Madani), la saison s'achève sur un cliffhanger finalement assez discret (Jigsaw, méconnu en l'état du grand public), après une débauche d'artifice et de gore faisant honneur au personnage principal, traîné dans la boue des deux dernières adaptations cinématographiques de sinistre mémoire.
Impatient de découvrir où tout ça va nous amener lors de la saison 2.

Trailer :
https://www.youtube.com/watch?v=uaoked-OEys


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Je me suis arrêté à un Top 10, même si d'autres films ont retenu également mon attention : le très "B-movie" à l'ancienne LIFE, le sympathique TOUS EN SCENE, l'éthéré NEMESIS / SAM WAS HERE, l'efficace TUNNEL, l'imparfait mais respectable CA, le bon GET OUT pour ma part un peu sabordé par un twist putassier, ou encore PREMIER CONTACT, ce dernier étant une véritable réussite de Science-Fiction humaniste et poétique.

Arthur Cauras.