vendredi 22 octobre 2021

QUE LA CHASSE COMMENCE ! (Ernest R. Dickerson, 1994)



QUE LA CHASSE COMMENCE !
(Ernest R. Dickerson, 1994)


Mason (Ice-T), un SDF au bout du rouleau ayant perdu femme et enfant, est sur le point de se suicider. Il est sauvé par un homme lui proposant une belle somme d’argent pour servir de guide en pleine nature à son groupe de chasseurs et lui. Une fois sur place, bien entendu, il va découvrir qu’il fera plutôt office de gibier ! 
Sorti un an après le CHASSE A L'HOMME de John Woo, l'injustement méconnu SURVIVING THE GAME (titre original) pouvait laisser pressentir un simple copié-collé. Il n’en est rien, même si certains éléments se retrouvent dans les deux films. 

Les chasseurs (presque) au complet, broliqués
jusqu'aux dents.

Les personnages des traqueurs et leur déviance sont plus travaillés qu’à l’accoutumée dans le sous-genre auquel il appartient, à savoir le film de chasse à l'homme. A la tête de leur bande, un riche homme d’affaires (Rutger Hauer) qui se dévoile au héros avant de l’embaucher : « J’ai passé beaucoup de temps dans les pays du Tiers-monde vous savez, ça a changé ma vision de la réalité, la vie ne vaut pas cher. » Sauf que ce constat ne l’a pas rendu altruiste, bien au contraire ! Tout est également question de double-sens lors du dîner précédent la partie de chasse, durant lequel Mason ignore tout de ce qui l’attend. Il écoute chacun des chasseurs s’exprimer, le plus gratiné étant celui incarné par Gary Busey, psychiatre à la CIA, qui après un long monologue révélant un moment… assez spécial de son enfance, conclut en disant que la chasse est une thérapie. 
C’est en effet le cas pour l’un d’eux ayant perdu sa fille, projetant sur Mason tout ce ressentiment qui le ronge. Pour d’autres, notamment le jeune fils candide d’un habitué, c’est l’occasion de développer un instinct combattif qu’il n’a pas. Le père le rassure en lui expliquant que leur proie n’est pas vraiment un être humain mais un sans-abri, une ordure, un moins que rien... 

Refrain connu; la proie se révèle aussi dangereuse
que ses traqueurs.

Une fois les présentations faites, Dickerson lâche les chevaux et ne déçoit pas : poursuites en quad, fusillades, combats à mains nues, explosions en tout genre et corps soufflé par la déflagration d’un véhicule piégé, rien ne manque à cet actionner typique des années 90 ! Le réalisateur n’oublie pas de faire évoluer ses personnages quand, du chasseur et de la proie, il ne reste face à face que deux pères de famille éplorés, le premier ayant sombré dans la haine de soi tandis que le deuxième, dans la haine de l’autre.

QUE LA CHASSE COMMENCE ! est l’un des meilleurs représentants des films de traques, bien écrit, bien mis en scène et porté par un casting jubilatoire, qui mériterait une sortie blu-ray à sa mesure. Cerise sur le gâteau : la salle des trophées de la fine équipe, un gros clin d’oeil très appréciable aux CHASSES DU COMTE ZAROFF !

- Arthur Cauras.


Gary Busey dans un rôle calme et mesuré comme il les aime.

nb : ce sujet est issu de mon article "Proies et chasseurs : les films de chasse à l'homme", présent dans le livret collector de l'édition limitée de la VHS box CHASSE A L'HOMME éditée chez ESC éditions à 1000 exemplaires, aujourd'hui épuisée.


Trailer VF :


https://www.youtube.com/watch?v=Ez02UoG5Kz8