mardi 22 septembre 2020

L'EMPRISE (Sidney J. Furie, 1982)



L’EMPRISE
(the Entity, Sidney J. Furie - 1982)


Comment un projet pareil aurait-il pu être monté sans la mention « inspiré d’une histoire vraie », une question qui restera sans réponse ...

Le film fait 2h qui passent en vérité très vite, notamment par le fait qu’il y ait presque 2 films en un : un Fantastique à tendance psychologique façon RÉPULSION, un fantastique-clinique-scientifique façon Cronenberg (on peut faussement penser à SCANNERS et FAUX-SEMBLANTS).

On est plongé immédiatement dans le cœur du sujet dès les premières minutes : une femme célibataire mère de famille est violée à son retour à la maison, par une entité invisible. Appelant à l’aide son grand fils, elle est terrorisée, demandant d’aller voir dans tous les recoins de la maison. Elle va tenter de comprendre et de résister à cette force surnaturelle vicieuse, qui va la harceler, tout en sauvegardant ses deux fillettes et son fils.

Détresse psychologique, ou phénomène bien réel ?


THE ENTITY, c’est donc inspiré de faits réels, mais au passage traite intelligemment du thème du viol et surtout des victimes de ce crime, combien elles peuvent souffrir encore davantage par l’incrédulité de l’entourage et des personnes compétentes (le « tu es sûr que tu ne l'a pas cherché ? » changé ici en « tu es bien sûr que ça ait eu lieu ? »)... gros malaise lors de ces scènes d’agression sexuelles, filmées d’une manière vraiment crue et sans ménager le spectateur, souvent en gros plan — comme la majorité du long métrage d’ailleurs : de gros plans souvent assez longs, oppressant davantage l’héroïne dans le très maîtrisé cadre 2.35 de l’entreprise.

Si certaines réactions peuvent laisser à désirer (se faire violer dans une maison et y retourner quand même le lendemain, l’équipement à hélium froid foire mais personne ne va au secours de la femme), la maîtrise du métrage, la musique aussi épurée que dérangeante (riffs de guitare + notes simples de piano évoquant les va-et-vient d’un viol) et certaines idées jusqu’au boutistes (l’héroïne a un orgasme dans son sommeil alors qu’elle se fait tripoter dans la réalité par l’entité...) nous remettent drastiquement sur le chemin d’une expérience aussi éprouvante qu’elle ne l’est pour la protagoniste.
Une scène coupée aurait plongé le public encore plus loin dans l'incomodité, montrant la mère de famille copulant avec son fils lors d'un rêve déviant... Scène qui trouvait son écho plus loin dans le film.

En attendant, James Wan a du se souvenir de certaines séquences pour son réussi INSIDIOUS, notamment ces personnages de parapsychologues gentiment azimutés, et le mélange de science et de phénomènes paranormaux.

Le martyr de la mère, et sa volonté
de se sortir de ce cauchemar à tout prix.


Rarement on aura vu un sujet aussi délicat traité de la sorte dans une série B. Les consultations chez le psychiatre sont vraiment bien menées et brassantes (notamment le bilan qu’il lui fait a l’arraché concernant son point de vue sur « une entité forte qui me violait pendant que deux petites me tenaient les jambes »), et à nouveau, les réactions de l’héroïne face à ce phénomène on ne peut plus glauque, faisant résonner le mal-être des victimes de viols, notamment son soulagement alors qu’elle a été agressée mais... sous les yeux d’un témoin, cette fois-ci.

Barbara Hershey est incroyable dans ce rôle, quel courage il lui aura fallut pour se livrer à ce point...

Surtout quand on sait que dans l’esprit tordu de certains, un viol n’est pas si grave que ça, voire même peut être excitant. En atteste d’ailleurs le slogan honteux de l’affiche française de l’époque : « un voyage vécu au bout de la peur et du désir » (!!!)

Si personnellement, je trouve la première partie de THE ENTITY plus puissante qu’à partir de l’arrivée des parapsychologues (le doute sur la santé mentale de la mère est présent), le film reste l’une des séries B fantastiques les plus fortes et atypiques qui soit...

La final du film entérine cet état de fait, refusant quelque part tout compromis de réel happy end.


- Arthur Cauras.



Un slogan totalement hors de propos.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire