jeudi 21 janvier 2021

GUERRES DE L'OMBRE (Ringo Lam, 1990)




GUERRES DE L'OMBRE
("Undeclared War", Ringo Lam, 1990)


Avec sa collection Asian Star, Dionnet nous a permis de découvrir moult perles asiatiques dans les 2000's... C'est le cas avec ce Ringo Lam qui n'a pas spécialement la réputation d'être dans les meilleurs de sa filmographie. Il y détonne peut-être de par son casting et son propos internationaux, mais la volonté du réalisateur, celle de proposer des personnages complexes éprouvés par la violence, est bel et bien là.
Le spectateur se fait de suite malmener par la scène d'ouverture qui donne le la. En Pologne, l'ambassadeur des USA va à l'église avec sa femme et son bébé, escorté par la police et les gardes du corps. En plein baptême, des terroristes grimés en bonnes soeurs ouvrent le feu sur l'assemblée, abattant notamment son épouse dans des gerbes de sang ! La scène, très crue, avec force 
jump-cuts et inserts sur les impacts de balles et visages ensanglantés, est réellement choquante.
D'autant que lorsqu'on se croit sorti du cauchemar, un véhicule explose au sortir de l'église, l'ambassadeur encore traumatisé est escorté dans sa voiture, portant son bébé tant bien que mal... où il prend une balle dans la tête par le terroriste en chef, joué par Vernon Wells (COMMANDO, MAD MAX 2). Le criminel, absolument abominable, entérine l'assassinat en grenadant l'habitacle, dans lequel se trouve donc encore le nourrisson.

Ringo Lam n'y va pas avec le dos de la cuillère
lors de la scène de l'attentat de l'église.

Le reste est au diapason, et on comprend que le scénario (co-écrit par le frère de Lam, Yin Nam -- PRISON ON FIRE 2, FULL CONTACT...) ne fera aucune concession durant cette traque où des flics de Hong Kong (dont Danny Lee, forcément !) vont s'allier avec la CIA pour mettre la main sur le fameux terroriste Hannibal, maître dans l'art du déguisement. Courses-poursuites pédestres, en voiture, et même en hors-bords (!), combats à mains nues avec projections de Judo (ou de Sanda plutôt, car on est à Hong Kong), Ringo Lam ne se ménage pas pour garder le rythme frénétique de son métrage très violent, agrémenté ici et là de boutades visant les origines des uns et des autres.
La course-poursuite en hors-bords, au passage, préfigure clairement celle de VOLTE FACE (1997) de John Woo... Sachant que celui-ci avait justement déjà voulu finir HARD TARGET (1993) par une poursuite en hors-bord, il ne serait pas étonnant d'apprendre que celle de UNDECLARED WAR l'eut impressionné.


Danny Lee dans le rôle d'un policier de HK...
comme souvent !

La violence du film est donc particulièrement marquante, et rappelle par moments celle, outrancière, des films d'exploitation. Non pas qu'elle soit grotesque, mais plus démesurée que la norme de l'époque, afin de surprendre et choquer davantage. Là encore, ça annonce quelque part près de 25 ans en avance, les éclats de violence traumatisants que l'on retrouve dans les films de S. Craig Zahler (TRAÎNÉ SUR LE BITUME). 
Ainsi, des bus remplis de personnes explosent, on assassine donc jusqu'à un nourrisson, on mitraille dans le tas dans une église, on jette sur la route le macchabée d'un cercueil pour que la police roule dessus et soit ralentie, un policier se fait souffler par une grenade et expulser par la fenêtre, une otage se fait tirer de dos dans la tête... de véritables massacres, qui nous maintiennent continuellement sous pression, sans parler des séquences de tortures pour faire parler un détenu officieux. On est finalement au plus proche des situations d'attentats : ici ce sont d'ailleurs les civils qui mangent le plus souvent la gamelle, et ils la mangent vraiment salement.
Au passage, quand on pense "film d'exploitation", le totalement barré (et fun, pour le coup) TURKEY SHOT (Brian Trenchard-Smith, 1982) vient facilement à l'esprit... dans lequel joue d'ailleurs également Olivia Hussey !


UNDECLARED WAR est un film cumulant les points forts. Cependant, pour certains, c'est une "série Z abyssale", comme on pouvait le lire dans feu HK magazine. C'est à n'y rien comprendre... Alors en effet, ce film de 1990 n'est pas au niveau des PRISON ON FIRE, CITY ON FIRE ou FULL ALERT mais honnêtement, si c'est ça une série Z abyssale... je suis totalement preneur, et plutôt deux fois qu'une.

Et n'oubliez pas : "Qui vit par la grenade, périra par la grenade." (Matthieu, 26-52).


- Arthur Cauras.








Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire