samedi 22 mai 2021

LOVE + DEATH + ROBOTS volumes 1 & 2



LOVE
DEATH
+ ROBOTS
volumes 1 & 2


En 2019, Netflix nous régale de la première saison d'une nouvelle série exclusivement en animation, LOVE + DEATH + ROBOTS. Titre singulier et accrocheur, ce "volume 1" comme il est nommé sur la célèbre plateforme, propose pas moins de 18 épisodes. Chacun d'entre eux est autonome, pas rattaché aux autres si ce n'est par des thématiques embrassant le surnaturel, le bizarre et une propension assez récurrente au sexe et à une violence très explicites.

Le volume 1 de L+D+R était une réussite entre autre par sa volonté de convoquer des talents divers et variés venus du monde entier. Ainsi, via THE WITNESS, l'espagnol Alberto Mielgo nous plonge directement au coeur d'un thriller tendu avec nudité féminine frontale sur fond de concept de boucle temporelle, les français Dominique Boidin, Léon Bérelle, Rémi Kozyra & Maxime Luère diffusent une ambiance bien méchante à la Philip K. Dick dans leur BEYOND THE AQUILA RIFT (qui n'est pas sans rappeler les meilleurs épisodes d'AU-DELA DU REEL des 90's), l'italien Gabriele Pennacchioli intronise les loups-garous aux seins des armées américaines et afghanes durant son SHAPE-SHIFTERS...


Les auteurs ont les coudées franches et peuvent vaquer comme ils le veulent dans un univers de Science-Fiction pour jeunes adultes / adultes. Il est commun de voir des sexes à l'écran, pas forcément toujours pour choquer, mais aussi parce que l'inverse serait étrange (cf. les loups-garous revenant à leur forme humaine, forcément nus, dans le SHAPE-SHIFTERS cité plus haut).
La violence et le gore sont également omniprésents, permettant là-aussi aux histoires de ne faire aucune concession, d'aller au bout de leur concept. C'est le cas de HELPING HAND de l'anglais Jon Yeo, qui va très loin dans son propos sur la survie d'une astronaute en difficulté dans l'espace. 
Mais cette liberté artistique se retrouve également dans la forme; on va citer à nouveau THE WITNESS, certainement le meilleur épisode de cette saison, un vrai fantasme fiévreux animé, avec son atmosphère ultra sexuée, son sound design très poussé et ses partis-pris graphiques géniaux (buée "sur la caméra", pertes de point, décadrages, onomatopées...).
Et bien sûr, elle donne naissance à des scénarios particulièrement barrés, osés et/ou imaginatifs. On pense forcément à ZIMA BLUE avec son artiste-star faisant une apparition médiatique après une (très) longue absence, ou encore à FISH NIGHT et ses deux personnages en plein délire que d'aucun n'hésiterait pas à comparer à un trip sous acide.


Si le volume 1 n'est pas parfait ni exempt d'épisodes branlants, il n'en reste pas moins captivant dans son refus d'être grand public, dans sa volonté d'expérimenter, de vouloir proposer de l'originalité... tout en envoyant régulièrement la sauce niveau action et spectacle épique, comme dans LUCKY 13 et surtout lors de l'excellente confrontation en Sibérie entre l'Armée Rouge et les démons de SECRET WAR ! Que n'auraient pas renié les créateurs de Warhammer 40,000...

2 ans plus tard nous arrive donc le volume 2. Après visionnage de celui-ci, deux points négatifs ressortent : il n'y a que 8 épisodes, soit quand-même 10 de moins que dans le volume 1, et la série a été expurgée de tout ce qui est sexe et corps nus. Ce qui lui retire forcément de cet esprit Heavy Metal (personne n'aurait été choqué si cette série s'était appelée ainsi à l'époque !), qui sortait totalement L+D+R du registre grand public. 


Ce qui n'empêche pas la série de continuer sur sa lancée qualitative.

Le 1er épisode, LA VIEILLE DAME ET LE ROBOT, est gentillet et permet de se remettre dans le bain, avec cette histoire de grabataire se faisant attaquer par son robot domestique dans un futur où tout est robotisé. MODULE DE SURVIE est une sorte de réinterprétation de ce concept sous un jour de Space opéra, suivant un militaire futuriste dont la navette touchée en plein combat spatial s’est écrasée en milieu hostile. Enfermé dans le fameux module de survie du titre, le héros aux traits de Michael B. Jordan ne doit pas bouger, sous peine de s’attirer les foudres d’un robot assistant endommagé lors du crash. Les scènes de tension et les idées trouvées pour s’en sortir par le héros évoquent la dernière partie de l’efficace PLANETE ROUGE.

Un humour bien senti est au coeur de LA SURPRISE DE NOEL, avec son design de personnages et surtout du monstre, aussi comique que malsain. Le tout repose certes sur une blague, mais l'ensemble fonctionne à plein régime d'autant plus que le rythme est bon et la durée courte.


Robert Valley, réalisateur du ZIMA BLUE du volume 1, se fait à nouveau remarquer de par l'originalité de son univers, tournant autour d'une histoire très simple de rituel initiatique entre un garçon normal et son frère et ses amis qui eux sont "augmentés" au niveau capacités physiques. Un style graphique toujours aussi tranché, une très belle atmosphère, le tout mâtiné de contemplation. La contemplation et la mélancolie sont plus présentes encore dans LE GEANT NOYE, où la voix off d'un scientifique narre la découverte du corps d'un géant sur la plage, partant de l'excitation des badauds pour finir à l'indifférence générale.

L'épisode POP SQUAD continue à monter la barre, graphiquement, niveau atmosphère et pitch. Dans le futur, on peut vivre éternellement via des injections régulières façon Fontaine de Jouvence. Mais en contrepartie, il est interdit d’avoir des enfants... une police spéciale traque et tue les enfants des gens qui en font quand même en secret. Un des « policiers » craque... Une ambiance de film noir, évoquant également BLADE RUNNER, et une direction artistique très réussie pour ce segment faisant facilement partie du top 5 de la série dans son intégralité.



Dans 
SNOW IN THE DESERT, des chasseurs de prime sont à la poursuite de Snow, un mercenaire errant qui est immortel. Via son idée d'amour inter-espèces, (vues comme parias par leurs pairs), ses scènes de violence bien senties et son ton épique, cet épisode aussi simple qu’efficace fleure bon le parfum de Heavy Metal...

Car plus que n'importe quelle autre série ou film, L+D+R sait capter dans ses deux volumes l’esprit Science-Fiction très typé de la fameuse revue française culte des années 70 et 80... On attend la suite avec impatience.


- Arthur Cauras.


Trailer :














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