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mercredi 13 avril 2022

LA HORSE (Pierre Granier-Deferre, 1970)



LA HORSE
(Pierre Granier-Deferre, 1970)


Un film rondement mené de bout en bout de ses 70 minutes, par un Granier-Deferre toujours prompt à étudier la cellule familiale dans ses dysfonctionnements et surtout ses aptitudes à tenir dans la difficulté la plus extrême.

Ici, le petit fils (Marc Porel) d'un vieux propriétaire terrien (Jean Gabin) est lié à une affaire de drogue en Normandie, et cache de l'héroïne (la horse du titre) dans l'un des abris de chasseur de son grand-père. Lorsque ce dernier la découvre, il la détruit sans chercher à discuter, sous les yeux effarés du jeune... Le dealer ne tarde pas à se pointer, et à peine a t'il eu le temps de menacer le vieil homme qu'il prend un double coup de carabine dans le buffet.

La Normandie, le passé de Gabin au sein de la Seconde Guerre Mondiale (il a combattu en Afrique du nord et a eu la Croix de Guerre), tout ceci donne immédiatement du corps à ce personnage et à cet environnement pur qu'il convient de défendre.

Tandis que le patriarche mène d'une main de fer les hommes de la ferme (ses gendres qu'il ne considère pas vraiment faire partie de sa famille, car étant "pièces rapportées"!) pour masquer le meurtre -- dans une fosse à la chaux vive, le reste de la bande de criminels fait son apparition.
Mettant une pression graduelle pour récupérer quelque chose qu'ils ignorent déjà détruit, ils brûlent une grange, puis tue une vingtaine de bêtes, avant de carrément s'introduire dans la ferme et de violer la jeune fille de la famille. Entre ces méfaits, des coups de téléphone menant toujours au même résultat : le refus implacable du patriarche, et la montée crescendo dans la violence... tandis que la gendarmerie vient régulièrement enquêter, puis interroger les membres de la famille.


Le personnage de Jean Gabin est magistral, une vraie tête de bois qu'on imagine fatalement devoir ployer à un moment donné, mais qui ne lâche absolument rien face aux intimidations. Une détermination mêlée à une obstination à vouloir régler les choses en famille (il repousse sans cesse l'aide des forces de l'ordre) qui fascine, d'autant qu'au final, on comprend que cet état d'esprit se passe bel et bien de père en fille,... et de père en petit-fils, quand bien même ce dernier a été "corrompu" partiellement par la vie citadine, refusant de reprendre la ferme pour se lancer dans des études aux Beaux Arts et en psychologie !

On a affaire à un véritable Vigilante campagnard français, au rythme à première vue lent mais régulièrement éclaté par ses éclats de violence et la tension liée à l'enquête et au tiraillement des dealers.
Le dernier plan résume tout le propos, un lent travelling s'approchant d'une grande tablée où tout le monde a repris sa vie normale (parce que c'est comme ça), finissant sur les épaules du patriarche qui la préside.

- Arthur Cauras.




mercredi 16 novembre 2016

THE PUNISHER (1989): BURN, MOTHERFUCKERS!



THE PUNISHER (1989):
BURN, MOTHERFUCKERS !

par Arthur Cauras, 16.11.2016


Inutile de tourner autour du pot.
Cette première adaptation cinéma du comics éponyme est également la meilleure existante d'entre les 3, c'est une excellente adaptation tout court, également le meilleur film de Dolph Lundgren (synthétisant toutes les forces de son jeu de comédien et ses performances physiques), l’une des meilleures adaptations de comics qui soit, et tout simplement l’une des meilleures série B de mémoire d’homme. Quelqu'un a t’il quelque chose à redire? 




Non, assurément. 

Validable à tous niveaux (du scénario en passant par la musique, la Direction artistique, jusqu'au générique de début), le film montre un Lundgren irréprochable et incarnant totalement le personnage tourmenté et psychopathe de Frank Castle aka Francis Castiglione aka le Punisher. Traits tirés, tête d'enterrement, Lundgren porte toute l'horreur, la dépression d'avoir perdu ses proches, comme aucun autre de ses interprètes cinéma ne réussira à faire par la suite. 

Le vigilante n'a rien à perdre, dégage une aura de mort, de folie, de suicide, hante les égouts, est sale, se guérit tout seul comme un chien, se bat violemment sans emphase malgré son expertise en close-combat et en armes à feu. 
Son spleen, mêlé à un code de justice ultra-radical, transparaît dans chacune de ses scènes via le brillant scénario, confrontant Castle à des choix moraux (s'allier avec le mafieux qu'il veut crever afin d’en descendre un autre et sauver un gosse), dessinant toujours plus ses traits psychologiques durant l'action et en dehors de cette dernière.

Dolph Lundgren incarne un Frank Castle lessivé
mais déterminé dans sa quête extrémiste.

Les autres personnages ne sont pas en manque et le film est habité par une armada de bad guys hautement charismatiques, qui changent de tous les caves qu'on peut subir dans les films de super-héros de cette dernière décennie, certains pourtant sans beaucoup de temps de présence à l'écran. 
Comme cette frêle adolescente mutique adepte du ninjutsu, qui met à mal Castle lors d’une des nombreuses joutes crédibles du film, le tailladant avec ses gadgets létaux type crochets dans les chaussures et boucle d'oreille tranchante ! 
Jeroen Krabbe, tout droit sorti des films européens de Paul Verhoeven, apporte beaucoup à l’atmosphère souvent pesante du film, campant un vilain à la fois inébranlable dans ses projets et perméable sur certains aspects (via son statut de père, qui fait antithèse avec Castle qui a perdu femme et enfants).
La chef des Yakuzas n'est pas en reste au travers de moments encore très forts actuellement, comme lorsqu’elle éradique des concurrents dans un restaurant italien ou cherche à forcer un mafieux à se suicider afin d’épargner son fils. 

Un des nombreux combats impitoyables de THE PUNISHER : qui vit
par l'épée périra par... la hallebarde !

Les scènes de bravoure s'enchaînent et ne se ressemblent pas, là-encore il faut souligner leur originalité, on peut même y voir les prémices de ce qu'on trouvera dans les très bons films de John Hyams (UNIVERSAL SOLDIER : DAY OF RECKONING) : le héros se tape dans des chorégraphies épurées mais spectaculaires, tout en traînant un spleen prégnant de tous les instants. Soit un mélange atypique mariant série B avec 1er degré bienvenu.

Le rythme du métrage est au cordeau et fait clairement sentir la bouteille de Goldblatt en tant que monteur (il a officié entre autres sur les deux premiers TERMINATOR, STARSHIP TROOPERS... Excusez du peu!) : tout est toujours lisible et monté au millimètre, comme cette scène nocturne sur les quais, quand Lundgren se met à courir en parallèle à un van.
Course / coups de fusils sur le van / coups de fusil sur un agresseur vite giclé / abordage du van / meurtre du conducteur / éjection du véhicule avant qu'il ne sombre / coup de fusil sur un autre assaillant projeté dans une caisse / arrivée de l'élite des Yakusas / blessure par jet de couteau / chute dans l'eau de Castle / mitraillage de la surface... Enchaînement de la séquence suivante, et sans fondu, où le van est extirpé des eaux par la police.
Tout ça en une poignée de secondes, parfaitement intelligibles. On aurait envie de conseiller aux réalisateurs et monteurs actuels de films d'action, trop souvent adeptes du jump-cut gratuit et autres shacky-cams nauséeuses, de régulièrement rejeter un oeil à ce film.


Castle et Franco s'alliant à contre-coeur :
l'hécatombe finale peut commencer.
Tout ce qui se trouve dans le comics se retrouve dans le film PUNISHER ; une ambiance lourde, pesante, dépressive, baignée dans la folie et dans la violence la plus absolue.
A aucun moment on ne sent que le réalisateur a fait de concession, ayant totalement cerné le personnage de Castle.
Impacts de balle pleine boîte, empalements, égorgements, jets de chausse-trappe dans la tronche, fusillades diverses et variées... La boucherie bat son plein, contribuant à décrire un univers sans aucune pitié, comme lorsque Castle transperce un malandrin d'une flèche à laquelle est fixé un câble lui permettant ensuite de descendre d'un point en hauteur !

On a honnêtement peu de chance de revoir de nos jours une séquence comme celle du massacre arbitraire des kendokas au fusil mitrailleur, qui démontre une fois pour toute si besoin était combien Castle se moque éperdument d'avoir un quelconque code d'honneur, tant que le "boulot" est fait !

Le climax du film et les dialogues finaux entre le Punisher et le jeune garçon finissent d'enfoncer le clou de l'extrémisme de ce personnage et d'en faire un véritable croquemitaine urbain dont l'ombre planera à jamais sur la ville.






Durant le générique de fin, on regrette d'ailleurs bien que Lundgren et Golblatt ne soient pas parvenus à l'époque à monter une suite, tant les aventures de ce sombre personnage flingué du bulbe s'y seraient prêtées.

Pour se sustenter, reste la version incarnée pour la télévision par le talentueux Jon Bernthal dans la saison 2 de DAREDEVIL, qui aura droit à sa propre série d'ici 2017 !

A noter la sortie récente chez Ecstasy of Films d'une excellente édition Bluray de PUNISHER, sertie de nombreux bonus, dont des séquences (à juste titre) coupées au montage. 
Mais ces bonus paraissent presque désuets quand on les compare à la mine d'informations que contient le livre fraîchement paru PUNISHER : L'HISTOIRE SECRETE, écrit par Jérémie Damoiseau. Le collaborateur officiel de Dolph Lundgren a fait un véritable travail de titan en recueillant les propos et anecdotes des techniciens et artistes du film, rendant l'ouvrage tout simplement passionnant et surtout, définitif ! Livre dispo sur le site de la Fnac, d'Amazon et BOD.


Arthur Cauras.




Punisher : l'Histoire secrète est LA source d'informations
exhaustive sur le film de Mark Goldblatt. Visuel non contractuel.

ps : J'étais intervenu à travers l'article d'Antoine Katerji pour Rue89, qui parlait des fans-films sur le Punisher :
les Punisher du net



Trailer VO The Punisher 1989

Fiche technique 
Réalisateur : Mark Goldblatt
Scénario : Boaz Yakin
Avec : Dolph Lundgren, Jeroen Krabbé, Kim Miyori
Année : 1989