LA PROIE NUE
(Cornel Wilde - 1966)
Reste le héros, dont le comportement digne lors de l’altercation initiale lui vaut un traitement de faveur. Si l’on peut dire ! Délesté de tout équipement et habit, il va être traqué à mort par les meilleurs guerriers de la tribu…
LA PROIE NUE met l’homme blanc colonisateur face aux conséquences de sa présence sur des terres qui ne sont pas les siennes. C’est le fait de s’être intéressé à la culture et à la nature environnantes qui va permettre au héros de se transcender.
Au fur et à mesure, il fait montre d’ingéniosité pour gérer le surnombre de ses assaillants, en récupérant l’arsenal des morts, en déclenchant un feu de brousse, en utilisant la technique du leurre et du pistage…
Le film est très épuré : peu de dialogues (il n'y en avait que 9 pages dans le script !) et pour bon nombre d’entre eux, pas de traduction. Forcé de retourner au primitivisme dans le sens le plus noble du terme, le héros est constamment entouré par des êtres vivants forcément mieux préparés que lui pour subsister. D’où les nombreux plans documentaires montrant des babouins se battre avec un léopard, une lionne mangeant un gnou et les guerriers tribaux chassant une antilope pour se nourrir… là où notre héros peine à tuer une poule sauvage !
Aucune épreuve de la survie en milieu hostile ne lui est épargné (traversée d’étendues rocailleuses, soleil de plomb, déshydratation…) car seuls les plus forts ont une place, comme le rappelle la séquence impitoyable de la mise en esclavage d’un village entier, sous son regard impuissant. Lors de sa fuite, le héros mutile quelques criminels et sauve la vie d’une fillette, qui le lui rendra après qu’il eut chuté dans une cascade.
Cette parenthèse de bienveillance souligne les liens forts pouvant naître entre civilisations, dès lors que chacun se traite avec déférence. D’ailleurs, lorsque la chasse touche à sa fin par la force des choses, le héros et le chef des guerriers se saluent, de loin. Seul le respect appelle au respect.
Excellent film faisant encore autorité de nos jours, LA PROIE NUE a cependant deux ombres au tableau ; un racisme ordinaire lié à l’époque (les arabes sont des acteurs blancs grossièrement maquillés) et de véritables meurtres d’animaux, Cornel Wilde étant malheureusement coutumier du fait (cf. SHARK TREASURE en 1975).
On attend avec impatience chez nous une édition blu-ray à la hauteur de ce bijou épuré et tribal, tourné dans un splendide cinémascope, qui a initié la trilogie officieuse de Wilde concernant la survie, qui sera suivi par LE SABLE ETAIT ROUGE (1967) et TERRE BRULEE (1970).
- Arthur Cauras.
nb : ce sujet est issu de mon article "Proies et chasseurs : les films de chasse à l'homme", présent dans le livret collector de l'édition limitée de la VHS box CHASSE A L'HOMME éditée chez ESC éditions à 1000 exemplaires, aujourd'hui épuisée.
Trailer
https://www.youtube.com/watch?v=cVZHRkHHSXU
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