mardi 29 novembre 2022

Albert Pyun (1953-2022) R.I.P.



ALBERT PYUN
(1953-2022)
R.I.P.

Le réalisateur Albert Pyun vient de décéder ce samedi 26 Novembre 2022, à 17h50. Sa femme Cynthia Curnan a dit : "Je me suis assise à ses côtés pour son dernier souffle qui sonnait comme s'il libérait le poids du monde."

Albert Pyun a oeuvré dans les années 80 et 90, avec des Séries B principalement destinées au marché de la vidéo, et aura laissé des petits classiques de vidéoclub comme NEMESIS, MEAN GUNS, KNIGHTS - LES CHEVALIERS DU FUTUR, ADRENALINE, BLOODMATCH, L'EPEE SAUVAGE, les KICKBOXER 2 et 4... et bien entendu, son oeuvre la plus connue : CYBORG (un film conçu dans la souffrance du début à la fin).

Longtemps, il n'a pas été respecté à sa juste valeur, notamment en France. Avec le temps et l'avénement de plateformes comme Netflix (où les films diffusés ne passent pas par la case cinéma), avec la globalisation des tournages au lance-pierre pour le cinéma de genre, des tournages à plusieurs caméras, et du pré-achat de films, certains se sont rendus compte que Pyun avait finalement été en avance sur son temps.
Il avait réussi à se créer son éco-système et ne faisait pas partie d'Hollywood, car il ne le voulait tout simplement pas*. Il écrivait, produisait et réalisait les films qu'il voulait lui, choisissait ses acteurs, et personne, aucun exécutif, aucun studio ne pouvait lui mettre de bâtons dans les roues.

Le premier film d'Albert Pyun, réalisé
à ses 27 ans : L'EPEE SAUVAGE.

Il avait pleine latitude pour faire ce qu'il voulait : les modestes budgets de ses films étaient déjà remboursés avant même qu'il ne tourne le film, via les fameux pré-achats qu'il maîtrisait depuis son passage à la Cannon.
Une partie du budget passait dans la paye d'anciennes stars du cinéma, de stars en devenir ou de noms connus pour attirer le spectateur : Burt Reynolds, Steven Seagal, Christophe Lambert, Jean-Claude Van Damme, Lance Henriksen, Charlie Sheen, Ice-T... Ses films étant tournés en 4 (oui quatre) à 22 jours, ce système était rentable. Il était donc capable de faire jusqu'à 5 tournages par an.
Tout ceci avait un revers : sa santé. Car il passait sa vie à travailler, jusque tard le soir, se réveillant très tôt. Après un tournage, sa femme racontait qu'il passait souvent 1 à 2 semaines alité, avec elle lui donnant à manger à la main et le veillant.
Avec le temps, il a été victime de la sclérose en plaque, mais aussi d'autres dysfonctions de son état de santé, ce qui l'empêchait de travailler depuis une 10aine d'années puisque les assurances ne voulaient pas couvrir ses tournages.

Le film le plus connu de Pyun, qui est aussi une
de ses nombreuses incartades dans le post-apo : CYBORG

Lentement, Pyun s'est éteint, épaulé par sa femme, car le cinéma était sa vie.
Il y a quelques jours, sa femme a écrit qu'il vivait ses dernières heures, et qu'il serait heureux de recevoir quelques messages de ses fans... comme beaucoup, j'y ai participé.
Qu'Albert Pyun se repose après cette vie surchargée, et surtout passionnée.


J'avais écrit sur ce blog un article détaillé sur le parcours et la carrière de Pyun :
https://thefightdirector.blogspot.com/2020/09/run-gun-le-cinema-dalbert-pyun.html?fbclid=IwAR0C6oZoRkHeA8m2PsmErukpGc37qkK7a1bokKg7FaPPbOI0CYOZqmBch-U


Ainsi qu'un article sur son film ADRENALINE :
https://thefightdirector.blogspot.com/2020/09/adrenalin-albert-pyun-1996.html


En hommage au réalisateur Albert Pyun décédé ce week-end, voici le bonus que j'ai réalisé il y a 2 ans pour la sortie de CYBORG (avec Jean-Claude Van Damme), conjointement chez Lionheart et ESC.
Avec sous-titres anglais !
Durant ces 30 minutes, je suis revenu sur ses débuts, sa façon de travailler, le microcosme qu'il s'est fabriqué à Hollywood, et ai fait un focus de plus de 15 minutes sur CYBORG, un film improvisé pour sauver 2 millions de dollars injectés dans des décors et costumes pour des projets ne s'étant finalement pas fait (dont le premier SPIDERMAN).
CYBORG dont le montage lui a échappé, et dont la 1ere version, intitulée SLINGER, était drastiquement différente avant que, entre autres, le belge ne repasse dessus.
Pour résumer, j'espère qu'à défaut de vous donner envie de voir sa cinquantaine de films, ce "RUN & GUN" attirera votre sympathie envers le stakhanoviste de la série B à très petit budget, Albert Pyun.



- Arthur CAURAS.


* Sur son Facebook, Albert Pyun avait raconté cette anecdote le 22 Mai 2018 : 
Après le démarrage de The Sword and the Sorcerer et son succès mondial, j'ai été invité à une réunion chez un agent. Après le départ des prostituées (je plaisante), il s'est mis à essayer de me convaincre que j'avais besoin d'un agent pour tirer parti de ce succès. N'avais-je pas envie de faire des films de studio ? Est-ce que je ne voulais pas un million de dollars de frais de réalisation ? Des frais d'écriture de 500 000 $? Je pouvais avoir le rêve mais j'avais besoin d'un agent pour obtenir tout ça.
Je n'étais pas d'accord et lui ai dit que j'avais toujours tout fait moi-même et que je voulais continuer comme ça. Ce million de dollars de frais de réalisation ne signifiait rien pour moi. Mais l'indépendance oui. Il s'est fâché et m'a conduit à son balcon qui surplombait Sunset Blvd. Il a craché dans la nuit et a dit : "Fiston, ma salive vient de toucher une centaine de réalisateurs en herbe. Il y a des milliers de personnes qui veulent être réalisateurs, scénaristes, producteurs. Des milliers qui mourraient pour un million de dollars." J'ai dit : "Alors représente l'un d'eux!" Puis il a dit : "Sors de chez moi". Et c'est ce que j'ai fait.

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