Réalisateur de 2 courts-métrages; le vigilante JOUR APRES JOUR avec Jo Prestia tourné en Super 16mm, et le post-apocalyptique POINT ZERO avec Alaa Safi, filmé en Red One, sélectionné / primé dans des festivals tels que Sitges Fantastic Film festival (Espagne), Baghdad International Film Festival (Irak) et le Wasteland Film Festival (USA). Je travaille actuellement sur mon 2ème documentaire sur le M.M.A.
mercredi 27 avril 2022
LA COLLINE OÙ RUGISSENT LES LIONNES (Luàna Bajrami, 2021)
jeudi 21 avril 2022
VAN DAMME : Les meilleures éditions DVD & Blu-ray
mercredi 13 avril 2022
LA HORSE (Pierre Granier-Deferre, 1970)
Ici, le petit fils (Marc Porel) d'un vieux propriétaire terrien (Jean Gabin) est lié à une affaire de drogue en Normandie, et cache de l'héroïne (la horse du titre) dans l'un des abris de chasseur de son grand-père. Lorsque ce dernier la découvre, il la détruit sans chercher à discuter, sous les yeux effarés du jeune... Le dealer ne tarde pas à se pointer, et à peine a t'il eu le temps de menacer le vieil homme qu'il prend un double coup de carabine dans le buffet.
Tandis que le patriarche mène d'une main de fer les hommes de la ferme (ses gendres qu'il ne considère pas vraiment faire partie de sa famille, car étant "pièces rapportées"!) pour masquer le meurtre -- dans une fosse à la chaux vive, le reste de la bande de criminels fait son apparition.
Mettant une pression graduelle pour récupérer quelque chose qu'ils ignorent déjà détruit, ils brûlent une grange, puis tue une vingtaine de bêtes, avant de carrément s'introduire dans la ferme et de violer la jeune fille de la famille. Entre ces méfaits, des coups de téléphone menant toujours au même résultat : le refus implacable du patriarche, et la montée crescendo dans la violence... tandis que la gendarmerie vient régulièrement enquêter, puis interroger les membres de la famille.
Le personnage de Jean Gabin est magistral, une vraie tête de bois qu'on imagine fatalement devoir ployer à un moment donné, mais qui ne lâche absolument rien face aux intimidations. Une détermination mêlée à une obstination à vouloir régler les choses en famille (il repousse sans cesse l'aide des forces de l'ordre) qui fascine, d'autant qu'au final, on comprend que cet état d'esprit se passe bel et bien de père en fille,... et de père en petit-fils, quand bien même ce dernier a été "corrompu" partiellement par la vie citadine, refusant de reprendre la ferme pour se lancer dans des études aux Beaux Arts et en psychologie !
On a affaire à un véritable Vigilante campagnard français, au rythme à première vue lent mais régulièrement éclaté par ses éclats de violence et la tension liée à l'enquête et au tiraillement des dealers.
Le dernier plan résume tout le propos, un lent travelling s'approchant d'une grande tablée où tout le monde a repris sa vie normale (parce que c'est comme ça), finissant sur les épaules du patriarche qui la préside.
mardi 5 avril 2022
LE PRIX DU DANGER vs. RUNNING MAN (1982, 1987)
LE PRIX DU DANGER
vs. RUNNING MAN
(Yves Boisset, 1982 /
Paul Michael Glaser, 1987)
Ces deux long-métrages sont inextricablement liés par bien des aspects. A la base, une nouvelle d’une vingtaine de pages de Robert Sheckley : The Prize of Peril (1958), racontant les dernières heures de vie d’un participant à un jeu télévisé futuriste, où la mort est mise en spectacle. Après une adaptation télévisée allemande, LE JEU DES MILLIONS, la nouvelle attire l’attention du réalisateur français Yves Boisset, qui en achète les droits et livre un film d’une noirceur et d’un cynisme particulièrement glaçants : LE PRIX DU DANGER. Notamment via les commanditaires de ce jeu macabre, qui en légitiment l’existence par le fait que selon eux, il libère les spectateurs de leurs pulsions de violence… Les jours de diffusion de l’émission, la délinquance est inférieure à la normale, comme en temps de guerre. A les croire, une véritable entreprise de salubrité publique !
Boisset est fidèle au matériau de base et ancre son histoire dans le réel, avec mise en scène sans emphase, caméra épaule, décors urbains déprimants, dans lesquels le héros doit fuir ses poursuivants, comme lui des chômeurs n’ayant plus rien à perdre… Le tout rythmé par un présentateur façon Léon Zitrone décadent, déclenchant la haine de la foule envers le héros entre deux rappels faussement concernés sur la famine au Tiers-monde ! Les vrais présentateurs de l’époque le prendront d’ailleurs pour eux et priveront le film de promotion dans leurs émissions… Tous ces personnages sont au final les marionnettes du même système totalitaire, qui les endort avec leur télé-réalité aussi outrancière que stupide. Un film pour beaucoup visionnaire.
Gérard Lanvin en monsieur-tout-le-monde plongé dans un jeu macabre qui ravit et abruti la population. |
Dans la nouvelle de Sheckley, il y a un humour qu’on ne retrouve pas dans le film de Boisset… Mais dans le roman Running Man de Stephen King, aussi sombre soit-il. Edité en 1982 après avoir pris la poussière dix ans dans un tiroir, le roman du maître de l’horreur part d’une idée de base proche de la nouvelle. Toutefois, King développe forcément énormément cette dernière avec ses quelques 220 pages supplémentaires, et n’a officiellement jamais parlé de la nouvelle de Sheckley… En 1987 est greenlightée son adaptation, avec l’immense star Schwarzenegger, tout juste sortie de PREDATOR.
Boisset voit rouge et entamera un procès pour plagiat qu’il remportera après de longues années. Ce qui explique les très rares diffusions du film américain en France, et l’absence jusqu’à maintenant de DVD / blu-ray légal sur le territoire.
On peut aussi faire rentrer dans la boucle un petit film d'exploitation méconnu, mais dont la trame ressemble également à ce RUNNING MAN : il s'agit de 2072, LES MERCENAIRES DU FUTUR, réalisé 3 ans auparavant par Lucio Fulci.
Le roman de Stephen King est un joyau d'une noirceur absolue. |
Quoiqu'il en soit, RUNNING MAN joue la carte du grand spectacle pyrotechnique, très différent du LE PRIX DU DANGER… Mais également très différent du roman de Stephen King, qui est d’une violence et d’une noirceur abyssales. On rappelle par exemple que la femme du héros y tapine pour gagner de quoi acheter des médicaments à leur bébé souffrant, ce qui pousse le jeune père de famille à s’inscrire à ce jeu dont personne ne sort jamais vainqueur. On peut aussi citer ce passage où les Traqueurs, des professionnels à l’écoute de la chaîne, trouvent un des jeunes participants, qu’ils ne tuent pas le temps de lancer une page de publicité lucrative. Après celle-ci, le malheureux est tellement mitraillé qu’il n’est plus qu’un tas de loques et de morceaux de peau ensanglantés… L’audimat grimpe en flèche. C’est ça, le Running Man de King, et on en ressort avec le moral au plus bas !
L'adaptation, aussi éloignée que faire se peut du roman, livre son lot d'idées très 80's. |
Le film ne va pas du tout dans cette direction macabre, même si certaines idées amènent à leur manière à la réflexion sur l’abrutissement des masses par le spectacle à l’américaine. Comme ce faux trailer de l’émission « la course aux dollars », aussi pervers que crédible. Ou encore le fait que les Traqueurs soient des simili-catcheurs ultra-violents, sur-jouant entre deux tueries, équipés de tronçonneuses et autres lance-flammes. Le public est toujours avide de massacres, pour fuir un quotidien déprimant, et vibre pour les Traqueurs plutôt que pour les innocents qu’ils poursuivent. Le présentateur joué par Richard Dawson qui a longtemps animé de véritables jeux télévisés, est on ne peut plus juste, haranguant les foules contre le musculeux Arnold Schwarzenegger.
Pas beaucoup de suspens concernant la survie de dernier ; il dézingue les chasseurs les uns après les autres après des punchlines « so-80’s », avant de renverser la dictature en place à l’aide de résistants planqués… dans le relais satellite de l’arène-même du jeu ! Pour apprécier RUNNING MAN, il ne faut pas être très regardant sur un scénario souvent cousu de fil blanc, et se concentrer sur l’action généreusement dispensée du début à la fin. Exit aussi la fin tétanisante du roman.
Dans le cas des deux films, la dénonciation de la télévision du futur bat son plein, présentée comme l’outil premier de manipulation des masses d’un régime totalitaire, doublé de cette obsession de la course à l’audimat. Un constat alarmant et actuellement on ne peut plus proche de la réalité, auquel s’ajoute celui sur la nature profondément vicieuse de l’être humain, toujours attirée et intéressée par la violence la plus crasse.
- Arthur Cauras.