mercredi 17 mars 2021

O.C.T.B (Kirk Wong, 1994)

O.C.T.B
Organized Crime & Triad Bureau
(Kirk Wong, 1994)



Pour ceux qui en douteraient encore, Kirk Wong était l'un des meilleurs réalisateurs de polars HK pré-rétrocession. "Etait" aussi parce qu'il a levé le pied en 1999, au niveau de sa carrière d'acteur et de réalisateur. Les raisons restent troubles, on peut lire ici et là qu'il aurait été épuisé par le milieu, devant se battre durement à chaque fois pour imposer ses idées. Quoiqu'il en soit, son absence est une grande perte pour le cinéma HK.

Danny Lee dans un rôle de policier... rien ne change à ce niveau !


Un an après CRIME STORY, Wong revient avec O.C.T.B, une véritable claque... Une histoire simple et carrée, où la police poursuit les criminels, point barre. Ce qui est intéressant et sort de l'ordinaire, c'est le traitement des uns et des autres, jouant la même carte que celle du confrère Ringo Lam : aucun personnage n'est vraiment manichéen. 
Déjà, les policiers qui ouvrent le feu en pleine rue, avoinent et torturent des suspects au sein du comico, devant rapidement nettoyer ce bordel quand l'inspection fait des visites surprises. Se retrouvant ainsi entre le marteau et l'enclume (la police des polices et les truands), il s'inventent des excuses farfelues pour expliquer les traces restantes de leurs exactions... Un flic se met même à uriner debout sur la flaque d'eau restante de la torture précédente, arguant des problèmes de vessie !


Mais surtout, c'est le groupe des criminels qui est traité intelligemment et de façon inattendue. Le couple tragique formé par le bad guy joué par le toujours excellent Anthony Wong et la très touchante Cecilia Yip ne peut que marquer par son réalisme.
Un flashback nous montre comment ils se sont rencontrés (condamnant au passage le traitement de la femme à HK; une femme violée doit en plus se taire), expliquant comment et pourquoi cette fille à la vie dissonante accepte dans le temps le comportement volage de son compagnon, atteint d'hypersexualité compulsive.
Cette admiration démesurée envers le seul homme qui l'a jamais considérée (à sa manière), ajoutée à de très belles idées oniriques (la scène nocturne des bâches et de l'eau de pluie), nourrit une crédibilité dans le traitement de ce duo qui nous le rend vraiment attachant.

Alors une fois prise la mesure des uns et des autres, ayant permis de les montrer tout simplement humains dans leurs qualités et leurs travers (on peut aussi la prise d'otages dans l'hôpital), on serre forcément les fesses pour eux lors du climax qui est juste époustouflant, avec Danny Lee poursuivant à pieds le véhicule des truands, déclenchant une énorme fusillade dans les rues de Hong Kong.
Cecilia Yip arrive à retranscrire la déperdition de son personnage, le fait que le contrôle fragile de sa vie si difficilement regagné s'effrite à nouveau, alors qu'elle se fait toucher par balles.

Un couple tragique et poignant, vivant au jour le jour.

La fin du méchant, qui préfigure des années en avance celle de de FULL ALERT (Ringo Lam, 1997), termine d'en faire un film incontournable... un parmi tant d'autres.

Facile de penser que Michael Mann avait connaissance de cet O.C.T.B en pensant à son HEAT, même si les deux résultats sont forcément différents : un traitement terre-à-terre avec caméra à l'épaule pour Wong, une image plus léchée pour Mann.
Cette scène très chaotique et filmée en pleine rue au milieu des badauds n'a été possible que par le fait que Danny Lee ait de très bons rapports avec la police locale depuis des années. Même John Woo n'arrivait pas réussi, à l'époque d'A TOUTE EPREUVE, et avait du ré-écrire le climax de son film.

O.C.T.B : un des meilleurs polars HK, à voir toute affaire cessante.
Dire que cette époque du cinéma de Hong Kong manque est un euphémisme.

- Arthur Cauras.





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