vendredi 19 mars 2021

NINJA SCROLL (animé de Yoshiaki Kawajiri, 1993)



NINJA SCROLL
(Yoshiaki Kawajiri, 1993)


Alors qu'un village du Japon féodal est ravagé par la peste, l'un des 8 démons de Kimon massacre une unité de ninjas envoyée pour enquêter. Ne reste que la vaillante Kagero, que le démon est en train d'abuser lorsque le sabreur Jubei intervient. Il se rend compte rapidement que derrière ces exactions se cachent Genma, son pire ennemi, qui aspire à contrôler le pays...

Pour savoir ce qu'est un véritable animé de fou furieux, il faut voir ce NINJA SCROLL, proprement incroyable. Le dernier Chambara (film de sabre japonais), mais aussi le dernier Wu Xia Pian (film de sabre chinois), mille idées à la minute, des personnages originaux et travaillés, du sexe, du gore, la mythologie fantastique du Japon féodal battant son plein.
Le héros est un épéiste expert en Iaïdo (l'art de dégainer), qui fait équipe avec un vieil homme dont la technique consiste à se fondre dans la nature tel un caméléon humain ("intéressant" dira t'il en voyant de loin celle d'un adversaire consistant à se fondre dans les ombres !) et une magnifique jeune femme dont le secret est... d'être vénéneuse ! Lors d'une scène très malaisante, un démon la viole, ignorant qu'il sera mortellement empoisonné.

Avec les personnages de NINJA SCROLL, Kawajiri va au bout
du concept de la dissimulation et du faux-semblant propres
à ces guerriers d'antan.

Face à eux, de multiples adversaires tous plus tordus les uns que les autres : une ninja façon femme fatale dont la spécialité est de piéger ses victimes, dans le sens premier du terme : en leur cousant dans le corps des explosifs et autres bombes ! Un vicieux qui entoure de ses fils invisibles ses proies pour jouer au marionnettiste, un visage géant composé de serpents, ou encore un bossu dont la bosse contient une ruche d'abeilles !... Et on pourrait en décrire comme ça encore des lignes et des lignes.

Kawajiri, véritable génie, découpe ses scènes d'action comme rarement on pouvait le voir à l'époque (et depuis -- même s'il a fait des émules notamment via Guillermo del Toro), accélérant le rythme tout au long de son animé.

Dans une séquence aussi touchante que malsaine,
Kagero retrouve un compagnon d'armes disparu...
horriblement transformé par le clan adverse.

Cette maestria, cet univers où tout est possible (les protagonistes font des bonds de 10 mètres, combattent dans les airs, etc), cette histoire d'amour impossible et très belle entre le héros et sa compagne vénéneuse, cette vengeance viscérale... Ce sont quelques uns des nombreux atouts majeurs du colossal NINJA SCROLL.

Kawajiri (père d'animés Cyberpunks bien salés comme WICKED CITY, CYBER CITY, DEMON CITY, réalisateur de l'adaptation MIGNIGHT EYE GOKU...), a marqué son époque : des visionnaires comme lui manquent clairement dans l'univers des animés contemporains.

- Arthur Cauras.





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