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dimanche 27 août 2023

ALIEN 3 (David Fincher - 1992)


ALIEN 3
(David Fincher, 1992)

Le 3ème ALIEN a choqué à son époque, et choque encore. Avec à la base des noms comme Terry Gilliam et Danny Boyle à la réalisation, et moult versions de scénarios toutes plus différentes les unes que les autres, ce film a été un enfer a créer, jusqu'au bout. Pour un résultat marquant, qu'on l'aime ou pas.



ALIEN, LE 8eme PASSAGER, pose des bases et une mythologie proprement sidérantes, et surtout inépuisables.
Le 2ème film, ALIENS LE RETOUR, est à part au sein des 3 premiers, plus lumineux, porteur d'espoir avec cette héroïne sauvant une fillette armes aux poings.
Le 3ème opus apporte une nouvelle touche dans cet univers, il est funèbre, mystique et désenchanté. Il reprend le concept du 1er, et le pousse à son paroxysme : "Dans l'espace, personne ne vous entendra crier", soit la solitude extrême, le côté poussière dans l'immensité d'un grand tout infini, dont personne ne se préoccupe ni n'a même conscience.
Le film de David Fincher pousse également un autre élément récurrent de l'univers d'ALIEN: le réalisme, le côté rugueux voire poisseux d'un quotidien dans l'espace. Ici, on échoue dans une planète-prison oubliée de tous.

Unique survivante du dernier massacre perpétré par des monstres à l'insatiable appétit, Ripley échoue dans une colonie pénitentiaire sinistre, sur la planète Fiorina 161. L'une des monstrueuses créatures l'a suivie, cachée dans son vaisseau spatial.

L'un des 1ers plans de la planète donne le la: 
c'est un véritable cimetière.

Ajoutons à cela le fait que les rares êtres vivants du film soient des détenus issus d'un passé forcément malsain, que la planète sur laquelle se déroule l'action soit le trou du cul de la galaxie, une décharge à ciel ouvert même pas entièrement peuplée, seulement d'une poignée de dispensables. Des dispensables, des laissés-pour-compte, des ordures dans tous les sens du terme, qui ne sont tenus que par une seule chose, la religion, et qui vont donc voir l'arrivée du "dragon" comme l'annonciateur de leur armageddon.
L'aspect misérable est renforcé par le fait qu'à un moment donné, ces détritus oubliés de tous et respectés de personne, décident de suivre Ellen Ripley pour former une équipe digne de la Cour des Miracles afin de donner au tout dernier moment de leur misérable vie, un semblant de sens à celle-ci, tandis que les pourritures de la Compagnie arrivent pour essayer de mettre la main sur le xénos.


A chaque film ALIEN son androïde (appelé "synthétique" dans la mythologie); le 1er était un belliqueux traître à la solde de la Compagnie, le 2ème un fidèle allié... ici ce sont les restes, un tronc souffrant le martyr réactivé seulement le temps de pouvoir comprendre ce qui a bien pu se passer. Certaines théories remettent même en question la bienveillance émanante de Bishop dans le 2ème volet : on peut imaginer qu'il a eu le temps de placer les oeufs lui-même dans le module de survie à la fin. Ce qui expliquerait également pourquoi il veut être désactivé à jamais dans le 3ème film; la culpabilité. Quoiqu'il en soit, le fait de voir le créateur de Bishop en chair et en os à la fin, animé de mauvaises intentions, ternie cette image bienveillante et renforce l'ambiance désillusionnée de l'entreprise.

ALIEN 3 est un film autant rude qu'audacieux, avec son héroïne violée dans son sommeil (la fécondation par le face-hugger !), qui voit ses attributs féminins disparaître (les cheveux rasés), qui manque d'être victime d'un viol collectif, avant de se sacrifier... sans parler de la mort brutale sans emphase de 2 des héros du précédent opus, et de l'autopsie d'une jeune enfant...
Un cocktail inattendu, ultra-original et faisant à nouveau avancer la saga, à l'époque. Le jeune David Fincher (27 ans) - qui allait se faire concasser par le studio, dévoilait déjà tout son talent; les clairs-obscurs sont de toute beauté, ses plans sont des tableaux dans lesquels il fait appel à une imagerie médiévale rétro-futuriste durablement marquante : absence d'armes à feu, la fonderie, les habits-guenilles, quasi aucune technologie, Ripley vue comme une Jeanne D'Arc, etc.


Tout ça est d'un brillant sans équivoque. Pas de la même façon que le 1er, encore une fois, mais ça l'est quand-même.
Ce projet sera passé par bien des phases, par bien des scénarios : le premier voyait l'histoire se dérouler sur une station orbitale en bois abritant des moines reclus, ayant fait voeux "d'abstinence technologique". La fin montrait l'un d'eux se sacrifier dans les flammes avec l'alien rentré dans sa gorge, pour permettre à Ripley de reprendre sa navette... idée que gardera Sigourney Weaver pour la fin que l'on connaît. 
D'autres idées seront gardées des scripts précédents: les codes barres à l'arrière du crâne des détenus viennent du romancier William Gibson, par exemple (son scénario a été porté en comics sorti il y a peu chez Vestron; on est plutôt heureux qu'il n'ait pas été retenu à l'époque).

Concept-art issu du scénario de Vincent Ward, dont certaines idées
se retrouveront dans la version finale, mais aussi,
bien des décennies plus tard, dans le comics ALIENS : RENOUVEAU.

La façon dont ont été conçu chacun des ALIEN de la fabuleuse trilogie initiale les ont totalement imprégnés. Le 1er, résultat du travail acharné et prodigieux de nombreux génies (Ridley Scott, Ron Cobb, Moebius, HR Giger, Dan O'Bannon...) est un film foisonnant, d'horreur et de SF certes, mais avec une mythologie vertigineuse... ALIENS LE RETOUR a été une guerre à l'écran mais aussi en coulisse, réalisé dans le dur par le canadien James Cameron rejeté par l'équipe anglaise durant le tournage, qui vénérait Ridley Scott; il a du se battre et crier tous les jours pour arriver au résultat que l'on connait: un survival guerrier chaotique où les humains vont au charbon.
ALIEN 3 a été accouché dans la douleur, dans la fatigue, la déperdition. C'est un résultat défiguré et renié par Fincher... C'est un film qu’on sent imparfait, et volontairement ou non, ça nourrit davantage encore son réalisme et son univers composés de personnages dissonants et brisés.

En ce qui concerne la vision première de Fincher, on peut la découvrir en partie dans "l'Assembly cut" d'ALIEN 3 présent sur le bluray, mais aussi par le biais de la lecture de la novélisation qu'avait écrite le spécialiste de l'époque, Alan Dean Foster.
Le livre a été écrit selon le scénario de l'époque, qui diffère donc du film final que l'on connait: l'alien ne sort pas d'un chien mais d'un des boeufs ayant servi à l'extraction de la capsule de Ripley au début, il est donc extrêmement massif (plus que ceux des aventures précédentes, comme le stipule Ripley), et il mue.
On a tout un arc narratif supplémentaire concernant le détenu Golic, un dangereux retardé mental qui parvient à se défaire de sa camisole de force dans l'infirmerie pour aller libérer l'alien initialement capturé avec brio par les prisonniers, dans une sorte de chambre de décompression.


Un personnage ici fort intéressant, car comme le dira moult années plus tard David Fincher dans sa seule interview sur ce film dont il ne veut jamais entendre parler, l'idée était de faire des 2 parias de cette planète-déchet, Ripley et Golic, les nouveaux Adam et Eve attendant le renouveau... du moins du point de vue tordu de Golic. 
Enfin, lorsque Ripley se lance dans le métal en fusion, à la fin, la reine alien n'émerge pas de son torse, mais il est décrit qu'un spasme projette du sang de l'intérieur sur son t-shirt, évoquant un stigmate entérinant l'image christique de Ripley, tombant en arrière les bras en croix. La fin de la version cinéma, avec l’alien, donc, avait été retournée afin de se démarquer de celle de TERMINATOR 2, sorti à cette période. Au grand dam de Fincher…

Je vous laisse vérifier quels sont les films dits "maudits" dans les 2020's... 
ALIEN 3 est certes un film maudit, mais des films maudits de cette trempe, de cette maestria, de cette profondeur, on en voudrait toutes les semaines, tous les jours. 
C'est un chef d'oeuvre qui conclut de façon magistrale une trilogie qui ne l'est pas moins.


- Arthur Cauras.


ps: article parlant de la version du scénario de Vincent Ward. Le blu-ray du film contient énormément d'infos sur cette tumultueuse production, sans aucune langue de bois !


samedi 29 octobre 2022

LES ANNÉES 90 : Le parent pauvre du cinéma de genre ?




LES ANNÉES 90 :
LE PARENT PAUVRE
DU CINÉMA DE GENRE ?

Régulièrement et ce, depuis des années, les "experts" et la presse spécialisée dans le cinéma de genre nous rabâchent les oreilles avec le fait que la décennie des années 1990 fut une décennie noire, voire nocive pour le cinéma de genre.

Sans même parler du cinéma d'action qui se portait extrêmement bien (que ce soit aux USA ou encore à Hong Kong!), sans même avoir a évoquer la japanimation qui battait également son plein, il est étonnant de constater que cette erreur de jugement envers le cinéma Fantastique / Horreur / Science Fiction a encore la dent dure de nos jours.

La lanterne rouge étant, aux yeux de ces critiques, le SCREAM de Wes Craven (1996), car en se permettant d'être un film meta, il a pour eux effondré le genre en le moquant et exposant ses mécanismes.
Qu'on aime ou pas ce film ayant fait date (et ayant pour lui d'avoir attiré un plus large public qu'à l'accoutumée au sein du cinéma d'horreur), il y en a une myriade d'autres prouvant que oui, les années 90 ont été une excellente décennie pour le cinéma de genre horrifique.
Jugez par vous-mêmes...

Liste non-exhaustive de métrages allant du très sympathique spectacle du samedi soir, au chef d'oeuvre pelliculé restant à jamais à l'esprit.















ALIEN 3 (David Fincher - 1992)

L’ANTRE DE LA FOLIE (John Carpenter - 1993)

L'ARMEE DES 12 SINGES (Terry Gilliam - 1995)

AUDITION (Takashi Miike - 1999)

ABSOLOM 2022 (Martin Campbell - 1994)

AU-DELA DU REEL (série TV - 1995)

LES AVENTURES D'UN HOMME INVISIBLE (John Carpenter - 1992)


BAD MOON (Eric Red - 1995)

BRAINDEAD (Peter Jackson - 1992)

BODY SNATCHERS (Abel Ferrara - 1993)

BLADE (Stephen Norrington - 1998)

BIENVENUE A GATTACA (Andrew Niccol - 1997)

BATMAN : LE DEFI (Tim Burton - 1992)

BODY BAGS (John Carpenter - 1993)














THE CROW (Alex Proyas - 1993)

CRONOS (Guillermo del Toro - 1993)

CURE (Kiyoshi Kurosawa - 1997)

CANDYMAN (Bernard Rose - 1993)

CUBE (Vincenzo Natali - 1997)

CA, IL EST REVENU (Tommy Lee Wallace - mini série - 1990)

CONTACT (Robert Zemeckis - 1997)

CABAL (Clive Barker - 1990)

LE CAVALIER DU DIABLE (Ernest R. Dickerson - 1995)

CREATURES CELESTES (Peter Jackson - 1994)

CHUCKY, LA POUPEE DE SANG (John Lafia - 1990)

CARNOSAUR (Adam Simon - 1993)

THE CRAFT : DANGEREUSE ALLIANCE (Andrew Fleming - 1996)

LES CONTES DE LA CRYPTE (Steven Dodd - série - 1989 / 1996)














DELLAMORTE DELLAMORE (Michele Soavi - 1994)

DARKMAN (Sam Raimi - 1990)

DRACULA (Francis Ford Coppola - 1992)

DARK CITY (Alex Proyas - 1998)

DEMOLITION MAN (Marco Brambilla - 1993)

DANS LA PEAU DE JOHN MALKOVICH (Spike Jonze - 1999)













EDWARD AUX MAINS D'ARGENT (Tim Burton - 1990)

EVIL DEAD 3 (Sam Raimi - 1992)

ED WOOD (Tim Burton - 1995)

L'EXORCISTE CHINOIS 2 (Ricky Lau - 1990)

L’ECHELLE DE JACOB (Adrian Lyne - 1990)

L’EXORCISTE III (William Peter Blatty - 1990)

EVENT HORIZON (Paul W.S. Anderson - 1997)

ENTRETIEN AVEC UN VAMPIRE (Neil Jordan - 1994)

EVIL DEAD TRAP 2 : HIDEKI (Izo Hashimoto - 1992)

EXISTENZ (David Cronenberg - 1999)


LA FAMILLE ADAMS (Barry Sonnenfeld - 1992)

FANTOMES CONTRE FANTOMES (Peter Jackson - 1996)

LA FIN DE FREDDY (Rachel Talalay - 1991)

LA FIN DES TEMPS (Peter Hyams - 1999)

FORTRESS (Stuart Gordon - 1993)

LE FESTIN NU (David Cronenberg - 1991)

LE FLEAU (Mick Garris - mini-série - 1994)

FREDDY SORT DE LA NUIT (Wes Craven - 1994)

FULL ECLIPSE (Anthony Hickox - 1993)


GREMLINS 2 (Joe Dante - 1990)

GEMINI (Shinya Tsukamoto - 1999)


HARDWARE / MARK13 (Richard Stanley - 1990)

HELLRAISER 3 (Anthony Hickox - 1992)

HELLRAISER 4 : BLOODLINE (Kevin Yagher, Joe Chappelle - 1996)

HALLOWEEN 6 : LA MALEDICTION DE MICHAEL MYERS (Joe Chappelle - 1995)

HALLOWEEN : 20 ANS APRES (Steve Miner - 1998)

HIGHLANDER 2 : LE RETOUR (Russell Mulcahy - 1991)


JURASSIC PARK (Steven Spielberg - 1993)

UN JOUR SANS FIN (Harold Ramis - 1993)

JASON VA EN ENFER (Adam Marcus - 1993)














LA LIGNE VERTE (Frank Darabont - 1999)

LOST HIGHWAY (David Lynch - 1997)

LAST ACTION HERO (John McTiernan - 1993)

LOS ANGELES 2013 (John Carpenter - 1996)


MISERY (Rob Reiner - 1990)

LA MOMIE (Stephen Sommers - 1999)

MEN IN BLACK (Barry Sonnenfeld - 1997)

MIMIC (Guillermo del Toro - 1997)

LA MUTANTE (Roger Donaldson - 1995)

MATRIX (the Wachowski - 1999)

THE MASK (Chuck Russell - 1994)

MANIAC COP 2 (William Lustig - 1990)

MARS ATTACKS ! (Tim Burton - 1996)

LE MAITRE DES ILLUSIONS (Clive Barker - 1995)

MORTAL KOMBAT (Paul W.S. Anderson - 1995)


NECRONOMICON (Brian Yuzna, Christophe Gans & Shūsuke Kaneko - 1993)

THE NIGHT FLIER (Mark Pavia - 1997)

NEMESIS (Albert Pyun - 1992)

LA NUIT DES MORTS-VIVANTS (Tom Savini - 1990)


OUVRE LES YEUX (Alejandro Amenabar - 1997)

L'OMBRE ET LA PROIE (Stephen Hopkins - 1996)














PEUR BLEUE (Renny Harlin - 1999)

PREDATOR 2 (Stephen Hopkins - 1990)

PLANETE HURLANTE (Christian Duguay - 1995)

LE PROJET BLAIR WITCH (Eduardo Sánchez, Daniel Myrick - 1999)

PHANTOMS (Joe Chappelle - 1998)

LE PUITS ET LE PENDULE (Stuart Gordon - 1991)

POSTMAN (Kevin Costner - 1997)


RELIC (Peter Hyams - 1997)

LE RETOUR DES MORTS-VIVANTS 3 (Brian Yuan - 1993)

RING (Hideo Nakata - 1998)

ROBOCOP 2 (Irvin Kershner - 1990)

RÊVES (Akira Kurosawa - 1990)

RETOUR VERS LE FUTUR 3 (Robert Zemeckis - 1990)

RESURRECTION (Russell Mulcahy - 1999)














STARSHIP TROOPERS (Paul Verhoeven - 1997)

LA SECTE (Michele Soavi - 1991)

STRANGE DAYS (Kathryn Bigelow - 1995)

SCREAM (Wes Craven - 1996)

SCREAM (Wes Craven - 1997)

LA SECTE SANS NOM (Jaume Balaguero - 1999)

STARGATE (Roland Emerich - 1994)

SEVEN (David Fincher - 1995)

LE SOUFFLE DU DEMON / DUST DEVIL (Richard Stanley - 1992)

STENDHAL SYNDROME (Dario Argento - 1996)

LE SILENCE DES AGNEAUX (Jonathan Demme - 1991)

SOLDIER (Paul W.S. Anderson - 1998)

SIXIEME SENS (M. Night Shyamalan - 1999)

LE SOUS-SOL DE LA PEUR (Wes Craven - 1991)

SOLO : LE GUERRIER D'ACIER (Norberto Barba - 1996)













TREMORS (Ron Underwood - 1990)

LE 13EME GUERRIER (John McTiernan - 1999)

TIMECOP (Peter Hyams - 1994)

TRUMAN SHOW (Peter Weir - 1998)

TOTAL RECALL (Paul Verhoeven - 1990)

LA TEMPÊTE DU SIECLE (Craig R. Baxley - mini série - 1999)

TETSUO 2 (Shinya Tsukamoto - 1992)

TERMINATOR 2 : LE JUGEMENT DERNIER (James Cameron - 1991)

LES TOMMYCKNOCKERS (John Power - mini série - 1993)

TWIN PEAKS (David Lynch série - 1990)


UN CRI DANS L’OCEAN (Stephen Sommers - 1998)

UNE NUIT EN ENFER (Robert Rodriguez - 1996)

UNIVERSAL SOLDIER (Roland Emmerich - 1992)

UNIVERSAL SOLDIER : LE COMBAT ABSOLU (Mic Rodgers - 1999)


VAMPIRES (John Carpenter - 1998)

VORACE (Antonia Bird - 1999)

THE VICTIM (Ringo Lam - 1999)

LE VILLAGE DES DAMNES (John Carpenter - 1995)


WAXWORK 2 : PERDUS DANS LE TEMPS (Anthony Hickox - 1992)

WISHMASTER (Robert Kurtzman - 1997)

WARLOCK 2 : ARMAGGEDON (Anthony Hickox - 1993)


X-FILES (série TV - 1993)


ZONE 39 (John Tatoulis - 1996)



- Arthur Cauras.

















samedi 13 mars 2021

ALIEN VS PREDATOR : Thicker than Blood (comics)

ALIEN VS PREDATOR :
THICKER THAN BLOOD
(dispo chez Vestron)



Quelle surprise que cette "petite" parution de la saga ALIENS.

Déjà et c'est subjectif, les 2 films me sont assez insupportables - particulièrement le 2ème, REQUIEM, dans lequel Jean-Kévin se demande où il a bien pu perdre les clés de sa caisse et comment il va pouvoir froliquer avec Brenda, la petite pom-pom girl du lycée, entre 2 attaques d'Aliens dans la piscine municipale du coin.
Ensuite, parce que je ne suis pas particulièrement fan des cross-overs comics Alien/Predator en général.

En effet, le problème est qu'on a d'un côté la saga ALIEN, soit de la SF visant plus un public adulte, "cultivé" de moult références de SF de toutes sortes, allant même jusque dans l'illustration avec Métal Hurlant, Moebius ou encore bien entendu HG Giger, et qui est clairement plus de l'ordre du film d'horreur que de l'actionner. Avec une mythologie extrêmement riche, passionnante et complexe, brassant l'organique (humain, extra-terrestre), le synthétique, les questions existentielles (humaines et synthétiques)... Le tout s'étant réinventé sans relâche en 5 films (6 si on est conciliant avec le 4)... Un bagage on ne peut plus puissant dont on n'a pas encore fait le tour de nos jours ! D'où l'avidité des fans - comme moi - qui sautent sur tout ce qui bouge niveau comics, afin de se sustenter régulièrement (au moins un peu).

De l'autre on a la saga PREDATOR : le premier est un des meilleurs films fantastiques qui soit, mais dont la mythologie ne peut absolument pas rivaliser avec celle d'ALIEN. Et ce n'est pas ce qu'on lui demande ! Ici, il est question d'un extra-terrestre belliqueux féru de chasse à coure, choisissant avec méticulosité son gibier parmi ce qu'il y a de plus dangereux dans la galaxie, pour l'adrénaline. Dans le 1er film, il s'offre une unité de mercenaires mais se casse les dents sur le dénommé Dutch qui, une fois régressé à l'âge de pierre, parvient à le blesser mortellement, se rendant compte que ce salopard est en plus mauvais perdant : il déclenche une petite explosion atomique des familles pour se venger. Les suites n'arriveront jamais à réinventer quoique ce soit de vraiment transcendant, même si chacune a son intérêt et garde un potentiel sympathie. Ce sera toujours le même canevas : des durs à cuire sont opposés à des Predators venus les chasser... sur la musique d'Alan Silvestri sans cesse replaquée bêtement. Point barre.



Le problème est que le mélange entre ces 2 univers est branlant de base. Le Predator étant humanoïde, avec en plus certaines caractéristiques humaines (la vengeance, le goût de l'adrénaline, la loyauté, etc), on ne peut que tomber dans un rapprochement Predator / Humain, chose impossible avec l'Alien qui est bien plus proche de l'animal, instinctif, qui ne tue pas pour se distraire.
Et ça ne rate jamais, à mon grand désarroi, on a toujours droit dans ces cross-overs à des Predators "checkant" un humain, faire alliance, et cette "bromance" inter-race est juste bidon et ne fait pas sérieux.

Bref. J'ai posé le décor.

Venons-en à ce comics ALIEN VS PREDATOR : THICKER THAN BLOOD. Forcément à la commande, on imagine le cahier des charges : on veut du predator, de l'alien bien sûr, mais aussi de l'humain et du robot (Synthétique). Le comics commence assez mal avec une première page indigne d'un manga bon marché mais soulagement dès qu'on la tourne, cette page : il s'agit justement d'un dessin animé qu'un jeune garçon regarde en boucle... Jeune garçon qui est un synthétique, le "petit frère" de l'héroïne, une adolescente. Idée totalement inédite dans les sagas filmiques et papier, et très bonne de surcroît.
La relation entre le frère et la soeur est l'intérêt premier de ce comics, avec la fille le repoussant au départ, et lui s'accrochant car programmé pour ça, avec l'évolution qu'on imagine mais restant très touchante.

Le petit frère synthétique est le meilleur personnage de ce comics.

On n'échappe pas au Predator qui va se lier d'amitié avec le duo juvénile, après avoir décanillé de l'humain à tue-tête (jurant avec le mode opératoire habituel des Predators car ceux-ci n'ont pas été menacés) et s'être fait écharpé par un alien libéré dans son vaisseau. Mais la sauce prend plutôt bien, et on se plaît à suivre le parcours de ces trois-là. Et on finit assez ému par ce qu'il advient du petit synthétique.

Chez Vestron, ils ont certes mieux pour apprécier à sa juste valeur l'univers comics ALIEN : ALIEN PERDITION, APOCALYPSE ou encore la saga originale en 3 tomes, toujours aussi forte.
Mais la qualité de ce "one shot" dans le concept ALIEN VS PREDATOR donne envie d'en voir d'autres de ce goût-là !


- Arthur Cauras.






https://vestron.wetta-sunnyside.fr/1103/avp-alien-vs-predator-thicker-than-blood/












dimanche 22 mars 2020

DREDD



DREDD
(Phil Travis / Alex Garland - 2012)



Ce reboot du fameux comics déjà adapté via le médiocre film de 1995 avec Stallone ne fait pas dans la dentelle, tout en sachant judicieusement composer avec un budget serré pour un film de Science-Fiction.

Ainsi, ce scénario implacable dans son efficacité écrit par l'excellent Alex Garland (28 JOURS PLUS TARD, SUNSHINE à son palmarès scénar au rayon SF à l'époque) montre une société futuriste tentaculaire, ayant englobée plusieurs grandes villes US en une seule, dans laquelle les criminels sont traqués et jugés directement par les Juges.

L'un des plus fameux Juges, Dredd, est envoyé en mission dans un gigantesque building de 200 étages et plusieurs km de haut, QG des revendeurs d'une nouvelle drogue. La boss du gang, Ma-Ma, montre très vite qu'elle ne blague pas des masses, et enclenche le processus martial qui fait se verrouiller le bâtiment.
Affublé d'Anderson, une nouvelle recrue à former qui a des dons de télépathe, Dredd se retrouve pris au piège face à des centaines de malfrats armés jusqu'aux dents. La boucherie peut commencer...

Contrairement à ce que disent les crédits de DREDD, ce n'est pas Phil Travis mais bien Alex Garland, également producteur, qui a réalisé cette nouvelle adaptation. Karl Urban a confirmé il y a 1 an que Travis n'avait été crédité que pour raisons juridiques.


L'équipe de DREDD a généreusement dépensé chacun des dollars à l'écran. 

A l'occasion de son 1er film officieux en tant que réalisateur, cet artiste multi-casquettes (romancier, scénariste cinéma, TV et jeux vidéos, et donc réalisateur) nous confectionne une véritable pépite d'actionner, comme rarement on peut voir, où un concept simple ne sombre pourtant jamais dans le simplisme, étayant son univers et l'arc narratif de ses personnages tout au long du déroulement de l'histoire.

Façonner des protagonistes juste ce qu'il faut au gré d'un récit dans l'urgence : on côtoie un mode de fonctionnement proche des scénarios béton d'ALIEN ou encore TERMINATOR.

Finalement, on ne saura rien de Dredd (Karl Urban réussissant, quelque part, à jouer seulement avec sa bouche!). Finalement, on ne saura que 2 petites choses d'Anderson. Finalement, on ne saura qu'un élément du passé de Ma-Ma. Et pourtant, tous ces personnages vivent, fonctionnent, et sont attachants.
Dredd est véritablement une incarnation de la justice, absolument inébranlable, la machine avec un grand M, qui avance en bélier, ne connait pas la peur... Tous les personnages secondaires sont traités de la sorte, sans fioriture (les 4 autres Juges, les petites frappes, la mère dans son appart, etc).
Et tout ça, sans tomber dans la beauferie. Assez intéressant comme cas d'école, d'ailleurs.

Garland, malin, sachant autant ce que veut un amateur de SF qu'un amateur d'actionner, élève l'action via des idées originales dans un milieu de bourrinage avéré comme celui d'une adaptation DREDD, dont les plus intéressantes sont la drogue Slo-mo et les visions télépathiques de sa partenaire.

Anderson peut donc lire dans les pensées, ce qui fait régulièrement avancer l'histoire sans user de Deus Ex Machina (travers scénaristique du "comme par hasard ça se débloque maintenant"), mais aussi créer des moments amusants (l'ascenseur) et donner vie aux fantasmes d'un sale type, pour mieux les retourner contre lui.

La Slo-mo est donc la drogue du moment, faisant défiler le temps 100 fois moins vite pour le consommateur... Vicieux, Garland nous place donc régulièrement du point de vue des drogués, le temps de séquences gores et spectaculaires en extrême ralenti, que ce soit des chutes sans fin, des perforations de balles ou des concassages de faciès qu'on aurait du mal à voir dans des films de studio. Des passages non dénués d'une dose de poésie : les couleurs se saturent, l'image chatoyante se sur-expose et scintille comme dans un rêve, avant que le montage ne retourne à une vitesse normale, soulignant la violence des gunfights.
Macabrement fascinant !

Le concept de la drogue Slo-Mo permet de beaux moments "onirico-glauques".

Dans DREDD, la sensation d'urgence ne faiblit pas, sans non plus nous bassiner, on parcourt captivés ce monde à huis-clos, témoins de la violence des Juges pour parvenir à leurs fins (déboitage de gorge, incinération, coups de feu dans le pied, les multiples types de munitions) et aussi, on s'abstient de l'avalanche de punchlines (Dieu merci) !
Tout ça au sein d'une Direction Artistique aux petits oignons réussissant là-encore la synthèse et l'efficacité, très loin d'être cheap.

DREDD fera peut-être penser à THE RAID qui part du même concept. Normal, puisqu'il paraît que son réalisateur aura lu le scénario du 1er quelques années en amont...

Dégraissé jusqu'à l'os, bien rodé et efficace, le film de Garland est passé inaperçu en salles US et nous est donc arrivé directement en vidéo...

Très injuste pour l'un des meilleurs films d'action / anticipation de cette dernière décennie !


Arthur Cauras.


https://www.youtube.com/watch?v=bCkEA-IeT8k