Le 3ème ALIEN a choqué à son époque, et choque encore. Avec à la base des noms comme Terry Gilliam et Danny Boyle à la réalisation, et moult versions de scénarios toutes plus différentes les unes que les autres, ce film a été un enfer a créer, jusqu'au bout. Pour un résultat marquant, qu'on l'aime ou pas.
Le 2ème film, ALIENS LE RETOUR, est à part au sein des 3 premiers, plus lumineux, porteur d'espoir avec cette héroïne sauvant une fillette armes aux poings.
Le 3ème opus apporte une nouvelle touche dans cet univers, il est funèbre, mystique et désenchanté. Il reprend le concept du 1er, et le pousse à son paroxysme : "Dans l'espace, personne ne vous entendra crier", soit la solitude extrême, le côté poussière dans l'immensité d'un grand tout infini, dont personne ne se préoccupe ni n'a même conscience.
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L'un des 1ers plans de la planète donne le la: c'est un véritable cimetière. |
L'aspect misérable est renforcé par le fait qu'à un moment donné, ces détritus oubliés de tous et respectés de personne, décident de suivre Ellen Ripley pour former une équipe digne de la Cour des Miracles afin de donner au tout dernier moment de leur misérable vie, un semblant de sens à celle-ci, tandis que les pourritures de la Compagnie arrivent pour essayer de mettre la main sur le xénos.
Un cocktail inattendu, ultra-original et faisant à nouveau avancer la saga, à l'époque. Le jeune David Fincher (27 ans) - qui allait se faire concasser par le studio, dévoilait déjà tout son talent; les clairs-obscurs sont de toute beauté, ses plans sont des tableaux dans lesquels il fait appel à une imagerie médiévale rétro-futuriste durablement marquante : absence d'armes à feu, la fonderie, les habits-guenilles, quasi aucune technologie, Ripley vue comme une Jeanne D'Arc, etc.
Ce projet sera passé par bien des phases, par bien des scénarios : le premier voyait l'histoire se dérouler sur une station orbitale en bois abritant des moines reclus, ayant fait voeux "d'abstinence technologique". La fin montrait l'un d'eux se sacrifier dans les flammes avec l'alien rentré dans sa gorge, pour permettre à Ripley de reprendre sa navette... idée que gardera Sigourney Weaver pour la fin que l'on connaît.
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Concept-art issu du scénario de Vincent Ward, dont certaines idées se retrouveront dans la version finale, mais aussi, bien des décennies plus tard, dans le comics ALIENS : RENOUVEAU. |
ALIEN 3 a été accouché dans la douleur, dans la fatigue, la déperdition. C'est un résultat défiguré et renié par Fincher... C'est un film qu’on sent imparfait, et volontairement ou non, ça nourrit davantage encore son réalisme et son univers composés de personnages dissonants et brisés.
En ce qui concerne la vision première de Fincher, on peut la découvrir en partie dans "l'Assembly cut" d'ALIEN 3 présent sur le bluray, mais aussi par le biais de la lecture de la novélisation qu'avait écrite le spécialiste de l'époque, Alan Dean Foster.
Le livre a été écrit selon le scénario de l'époque, qui diffère donc du film final que l'on connait: l'alien ne sort pas d'un chien mais d'un des boeufs ayant servi à l'extraction de la capsule de Ripley au début, il est donc extrêmement massif (plus que ceux des aventures précédentes, comme le stipule Ripley), et il mue.
Je vous laisse vérifier quels sont les films dits "maudits" dans les 2020's... ALIEN 3 est certes un film maudit, mais des films maudits de cette trempe, de cette maestria, de cette profondeur, on en voudrait toutes les semaines, tous les jours.