Le réalisateur Albert Pyun vient de décéder ce samedi 26 Novembre 2022, à 17h50. Sa femme Cynthia Curnan a dit : "Je me suis assise à ses côtés pour son dernier souffle qui sonnait comme s'il libérait le poids du monde."
Albert Pyun a oeuvré dans les années 80 et 90, avec des Séries B principalement destinées au marché de la vidéo, et aura laissé des petits classiques de vidéoclub comme NEMESIS, MEAN GUNS, KNIGHTS - LES CHEVALIERS DU FUTUR, ADRENALINE, BLOODMATCH, L'EPEE SAUVAGE, les KICKBOXER 2 et 4... et bien entendu, son oeuvre la plus connue : CYBORG (un film conçu dans la souffrance du début à la fin).
Longtemps, il n'a pas été respecté à sa juste valeur, notamment en France. Avec le temps et l'avénement de plateformes comme Netflix (où les films diffusés ne passent pas par la case cinéma), avec la globalisation des tournages au lance-pierre pour le cinéma de genre, des tournages à plusieurs caméras, et du pré-achat de films, certains se sont rendus compte que Pyun avait finalement été en avance sur son temps.
Il avait réussi à se créer son éco-système et ne faisait pas partie d'Hollywood, car il ne le voulait tout simplement pas*. Il écrivait, produisait et réalisait les films qu'il voulait lui, choisissait ses acteurs, et personne, aucun exécutif, aucun studio ne pouvait lui mettre de bâtons dans les roues.
Une partie du budget passait dans la paye d'anciennes stars du cinéma, de stars en devenir ou de noms connus pour attirer le spectateur : Burt Reynolds, Steven Seagal, Christophe Lambert, Jean-Claude Van Damme, Lance Henriksen, Charlie Sheen, Ice-T... Ses films étant tournés en 4 (oui quatre) à 22 jours, ce système était rentable. Il était donc capable de faire jusqu'à 5 tournages par an.
Tout ceci avait un revers : sa santé. Car il passait sa vie à travailler, jusque tard le soir, se réveillant très tôt. Après un tournage, sa femme racontait qu'il passait souvent 1 à 2 semaines alité, avec elle lui donnant à manger à la main et le veillant.
Avec le temps, il a été victime de la sclérose en plaque, mais aussi d'autres dysfonctions de son état de santé, ce qui l'empêchait de travailler depuis une 10aine d'années puisque les assurances ne voulaient pas couvrir ses tournages.
Il y a quelques jours, sa femme a écrit qu'il vivait ses dernières heures, et qu'il serait heureux de recevoir quelques messages de ses fans... comme beaucoup, j'y ai participé.
Qu'Albert Pyun se repose après cette vie surchargée, et surtout passionnée.
J'avais écrit sur ce blog un article détaillé sur le parcours et la carrière de Pyun :
https://thefightdirector.blogspot.com/2020/09/run-gun-le-cinema-dalbert-pyun.html?fbclid=IwAR0C6oZoRkHeA8m2PsmErukpGc37qkK7a1bokKg7FaPPbOI0CYOZqmBch-U
Ainsi qu'un article sur son film ADRENALINE :
https://thefightdirector.blogspot.com/2020/09/adrenalin-albert-pyun-1996.html
En hommage au réalisateur Albert Pyun décédé ce week-end, voici le bonus que j'ai réalisé il y a 2 ans pour la sortie de CYBORG (avec Jean-Claude Van Damme), conjointement chez Lionheart et ESC.
Avec sous-titres anglais !
Durant ces 30 minutes, je suis revenu sur ses débuts, sa façon de travailler, le microcosme qu'il s'est fabriqué à Hollywood, et ai fait un focus de plus de 15 minutes sur CYBORG, un film improvisé pour sauver 2 millions de dollars injectés dans des décors et costumes pour des projets ne s'étant finalement pas fait (dont le premier SPIDERMAN).
CYBORG dont le montage lui a échappé, et dont la 1ere version, intitulée SLINGER, était drastiquement différente avant que, entre autres, le belge ne repasse dessus.
Pour résumer, j'espère qu'à défaut de vous donner envie de voir sa cinquantaine de films, ce "RUN & GUN" attirera votre sympathie envers le stakhanoviste de la série B à très petit budget, Albert Pyun.
- Arthur CAURAS.